Si vous êtes de ceux… PRÉPAREZ-VOUS !

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Pedro Jorge Velazquez est un jeune étudiant cubain en journaliste et communication à l’université centrale de Villa Clara « Marta Abreu ». Un exemple de la « continuité », dont parle Diaz-Canel. Il a des idées bien trempées et les exprime avec un style bien à lui, qui rompt avec les canons du discours politique traditionnel, et avec une extrême clairvoyance. Tous les enjeux de Cuba face à l’arrivée d’un nouveau président à la Maison Blanche sont là ; les luttes idéologiques, aussi. Chaque qualificatif compte et signale une situation particulière. Inutile de vous dire qu’il est extrêmement attaqué sur les réseaux sociaux par la contre-révolution. Bonne lecture. Je continuerai à traduire pour vous les voix de Cuba…
(Gloria Gonzalez Justo)

PRÉPAREZ-VOUS !

Certains nous dictent déjà comment nous devons prendre la victoire de Joe Biden

– Si vous êtes de ceux qui pensent que Biden fera partie de la même machinerie hégémonique des États-Unis, vous serez qualifié de rétrograde.

– Si vous êtes de ceux qui savent que Biden poursuit le même rêve nationaliste « Les Américains d’abord » et qu’il fera, comme ses prédécesseurs, tout ce qu’il faut pour y parvenir, vous serez qualifié de pessimiste.

– Si vous êtes de ceux qui se souviennent que les intérêts politiques d’Obama visaient également le renversement du projet révolutionnaire cubain, vous serez qualifié d’enferré.

-Si vous êtes de ceux qui avaient perçu depuis l’époque d’Obama une campagne qui optait pour le consensus (le pouvoir mou), la séduction des masses et l’attention à la petite bourgeoisie comme stratégies pour affaiblir la structure socialiste, vous sera qualifié de baratineur et de monolithique.

-Si vous êtes de ceux qui préviennent que la victoire de Biden ne doit pas être célébrée dans les rangs de la gauche, mais analysée à partir de nos contradictions en tant que masse exploitée, vous serez taxé de conservateur. (drôle de façon d’être conservateur)

-Si vous êtes de ceux qui sont persuadés qu’aussi bien le parti démocrate que le parti républicain répondent à l’establishment bourgeois, à la droite envahisseuse qui exploite considérablement au quotidien tous les peuples de la région, vous serez traité de superficiel.

– Si vous êtes de ceux qui, ces jours-ci, font référence aux avertissements de Fidel, du temps où il parlait de « méthodes de séduction telle celle qu’ilsont baptisée politique de contacts de peuple à peuple », vous serez traité de perroquet.

– Si vous êtes de ceux qui pensent qu’aussi bien Trump que Biden, Pence et Harris visent le même objectif mais par des méthodes différentes, vous serez absolument traité d’obstiné.

– Si vous êtes de ceux qui refusent de célébrer la victoire d’un conservateur de droite (Joe Biden) comme seule alternative à un fasciste d’extrême droite (Donald Trump) et qui souffrent qu’il n’y ait pas d’autre option pour les travailleurs du monde, vous serez traité d’ « officialiste ».

– Si vous êtes de ceux qui, du fait qu’ils sont extrêmement fidéliste, regardent avec méfiance chaque pas du gouvernement des États-Unis et extrêmement guévaristes au point de croire que [l’on ne peut pas faire confiance] « à l’impérialisme, pas même un tout petit peu », vous serez alors définitivement traité de simpliste, de peu intelligent et dépourvu de toute théorie politique.

– Si vous êtes de ceux qui ne peuvent pas oublier chaque injustice, chaque assassinat payé par Washington, chaque mort causée par le blocus économique, chaque contrainte contre nos vies, contre chaque parole de Fidel, si vous êtes absolument « idiot »[référence à la chanson de Silvio Rodriguez El necio], absolument révolutionnaire, alors préparez-vous, accrochez-vous comme moi : vous serez abattus à bout portant, étiquetés par les peseurs, sacrifiés par les gourous, brûlés sur les bûchers de l’incertitude et les va-et-vient. Vous serez la cible parfaite pour ceux qui attendaient ce moment depuis longtemps.

N’ayez pas peur !

Ne cédez pas !

Ne vous cachez pas !

De nouveau, nous sommes en Baragua*.

*Protestation de Baragua (15 mars 1878) : ce jour-là, le général Antonio Maceo, second chef de l’armée de Libération, dénommé Le Titan de bronze, et d’autres hauts chefs militaires refusèrent de signer le Pacte de Zanjon, qui mettait fin à la Guerre des Dix ans (1868-1878) contre l’Espagne, mais sans reconnaître l’indépendance de Cuba et la fin de l’esclavage.

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