La SNCF veut participer au renouveau du train cubain

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La SNCF veut participer au renouveau du train cubain
AFP/ADALBERTO ROQUE

La SNCF espère signer « dans quelques semaines » un accord pour rénover des ateliers et locomotives à Cuba, et relancer ainsi le train sur cette île, affirme dans un entretien à l’AFP son patron, Guillaume Pepy.

« Cela fait quatre ans qu’on travaille ici avec à la fois les chemins de fer cubains, l’AFD (Agence française de développement, ndlr) et les ministères concernés pour définir un programme d’appui français au développement, ou plutôt au re-développement du chemin de fer à Cuba », a-t-il déclaré vendredi lors d’un déplacement à La Havane.

La SNCF et l’UFC (Union de ferrocarriles de Cuba), ce sont « deux sociétés soeurs, on a le même passé – exploiter des chemins de fer depuis très longtemps -, on est des sociétés publiques, très attachées à notre identité », poursuit M. Pepy.

Le train à Cuba, c’est en effet une vieille histoire: le pays est un pionnier dans ce domaine, avec une première ligne inaugurée dès 1837… avant l’Espagne, dont il est alors une colonie.

Au fil des ans, son réseau ferroviaire s’étend et bientôt toutes les capitales de province, les ports et les principaux sites industriels sont desservis.

En 1958, Cuba affiche le meilleur ratio au monde de longueur du réseau rapporté à la surface du pays.

– Un réseau en piètre état –

Aujourd’hui, l’île de 110.000 kilomètres carrés compte encore presque 8.200 kilomètres de voies ferrées, mais faute d’investissements et d’entretien dans cette île socialiste sous embargo américain depuis 1962, le réseau et les locomotives sont en piètre état.

Un bon exemple: les wagons du fameux « tren francés » entre La Havane et Santiago (est), d’anciennes locomotives Mistral vendues il y a des années par la France, sont actuellement en panne.

Il s’agit donc de « disposer d’un chemin de fer aux standards internationaux, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui », explique Guillaume Pepy, dans ce pays où le train transportait 34 millions de voyageurs par an dans les années 1990, et seulement sept aujourd’hui.

Le pari de la SNCF sur Cuba tient aussi au « contexte politique extrêmement favorable », notamment depuis la visite de François Hollande en 2015 qui avait donné l’impulsion à ce projet de « quelques dizaines de millions d’euros », financé par l’AFD.

« J’espère que dans quelques semaines on pourra signer cet accord et qu’on pourra donc dès cet été être dans l’action. »

Au programme? « Rénover des ateliers ferroviaires, remettre en service des locomotives aujourd’hui hors d’état de circuler » et assurer la maintenance de 240 voitures chinoises qui seront livrées d’ici 2022.

Car la France n’est pas la seule à s’intéresser au secteur ferroviaire cubain: outre la Chine, la Russie a aussi posé ses pions et sera notamment chargée de rénover la voie reliant La Havane à Santiago.

Attirer les investissements étrangers est un objectif primordial pour l’Etat cubain, sous intense pression diplomatique des Etats-Unis pour son soutien au Venezuela de Nicolas Maduro.

– « Très bonne image » de la France –

Le pays vient d’ailleurs d’approuver une nouvelle Constitution explicitement ouverte au marché et aux investissements étrangers.

Et un décret entré en vigueur l’été dernier permet que « le chemin de fer puisse être exploité totalement ou en partie par un ou plusieurs opérateurs ferroviaires », qu’il s’agisse « d’une personne ou d’une entité juridique, nationale ou étrangère ».

Face à la concurrence de la Chine ou de la Russie, alliés traditionnels de Cuba, « la France a une réputation dans le domaine ferroviaire qui est vraiment dans le top trois », assure M. Pepy.

« Nous avons une très bonne image et là, aujourd’hui, nous avons reçu un accueil vraiment chaleureux », indique le dirigeant, qui a notamment rencontré les ministres cubains des Transports et du Commerce extérieur.

La SNCF a déjà noué des accords similaires avec le Maroc et en Argentine, et cherche à faire de même en Egypte, dans la lignée de son virage toujours plus prononcé vers l’étranger: « l’international aujourd’hui c’est 32% (du chiffre d’affaires, ndlr), ça sera probablement d’ici une dizaine d’années 50% », affirme Guillaume Pepy.

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