Le coût du blocus étasunien contre Cuba : 4,4 milliards de dollars par an

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Le blocus économique et financier qu’imposent les Etats-Unis à Cuba reste l’obstacle principal au développement du pays et aux réformes économiques que le gouvernement veut mettre en place, a dit Bruno Rodriguez, le 28 septembre 2019, devant l’Assemblée générale des Nations Unies. « Depuis 6 décennies, les sanctions n’ont servi à rien, et cela restera ainsi… »… La dignité de Cuba ne se discute pas. Le pays ne se laissera pas intimider par les calomnies et menaces, nous ne cèderons jamais au chantage » disait-il en citant Raoul Castro.

Quelques jours avant, le ministre cubain des Affaires étrangères avait présenté ‘Cuba vs Bloqueo – juillet 2019‘. Ce rapport donne un aperçu des dommages dont a soufert le pays entre avril 2018 et mars 2019. Nous en reprennons quelques exemples frappants. Tous les chiffres suivants portent sur la période mentionnée.

L’année écoulée, le blocus a couté 4.346 millions de dollars (donc presque 4,4 milliards de dollars) en termes de recettes manquées et de frais de transport et d’achat à l’étranger augmentés. Avec ce montant, le produit interne brut de Cuba n’aurait pas augmenté de 1,2 % mais bien de 10 % !

1. Coûts sociaux

Soins de santé

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Les soins de santé restent invariablement une priorité importante du pays. La nouvelle constitution confirme le droit à la santé. Le gouvernement a la responsabilité de garantir l’accès aux soins gratuits et de qualité. Or, le blocus pèse lourdement au budget prévu pour l’achat des médicaments, du matériel de soin, des instruments médicaux etc.

L’année passée, le blocus a provoqué une perte de 104 millions de dollars, soit 6 millions de plus par rapport à l’année précédente. La principale raison en est que Cuba est quasiment exclu du marché des Etats-Unis. MEDICUBA S.A., l’entreprise responsable des importations et exportations de médicaments, a demandé une offre de prix à 57 entreprises aux Etats-Unis. 50 de ces firmes n’ont même pas pris la peine de répondre; trois autres se sont référées aux lois du blocus qui les empêchent de vendre à Cuba.

L’ approvisionnement en nourriture

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Cuba fait de gros efforts pour accroître la production alimentaire. Pourtant l’industrie agroalimentaire cubaine reste dépendante à 70% d’achats dans des pays étrangers, comme l’Espagne, le Brésil, l’Argentine, l’Italie. Le blocus empêche de réaliser ces achats aux Etats Unis bien plus proches.  Des frais de transport plus élevés en sont la conséquence directe, et à cause des délais de livraison plus longs, les entreprises cubaines doivent constituer un stock de réserve plus important ; ce qui signifie que l’argent investi est littéralement bloqué. Ce surcoût est estimé à 412 millions de dollars. En outre il n’est pas possible pour Cuba de commercialiser ses propres produits aux Etats-Unis. Pour le producteur de rhum Havana Club, de renommée mondiale, la perte de revenus est estimée à 41 millions de dollars.

Education

L’article 73 de la Constitution confirme le droit inaliénable à l’éducation. Cuba y consacre 23,7 % de son budget, ce qui représente 9 % du produit interne brut. Moins de 2 % de la population est analphabète.

Le blocus oblige Cuba à acheter du matériel didactique, des informations scientifiques et des systèmes informatiques aux marchés européens ou asiatiques, ce qui implique un grand coût supplémentaire en termes de transport. En outre, les spécialistes cubains se voient confronter à des difficultés pour toucher les paiements des services prestés à l’étranger. A titre d’exemple : le 23 janvier 2019, la banque Société Générale de Paris a bloqué un virement de 7.474 euros à Cuba pour le paiement de services prestés par des enseignants cubains en Guinée equatoriale.

2. Coûts économiques

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Le blocus entrave de façon significative l’exécution du ‘Plan social et économique 2030’. Les frais s’élèvent à 79 millions de dollars, soit 28 % en plus par rapport à l’année précédente. Les pertes portent notamment sur les programmes d’investissement qui devraient stimuler l’économie cubaine. En ce qui concerne la transition énergétique, par exemple, cet argent pourrait faire augmenter la part des ressources renouvelables à 24 % en cinq ans. En outre, ces presque 80 millions pèsent aussi sur la position internationale de Cuba. Le pays cherche activement des investissements étrangers. Un bilan financier sain renforce la confiance des investisseurs et des créanciers, et augmente les possibilités d’empreunter de l’argent aux marchés étrangers. Cependant, le blocus a un grand impact à la trésorerie cubaine.

Biotechnologie

L’industrie biopharmaceutique constitue un des secteurs clés de Cuba. Le pays y investit massivement afin de commercialiser des médicaments spécialisés au marché international. Avec du succès, par ailleurs, car le secteur se positionne en deuxième place des exportations nationales. Cependant, chaque année, le blocus provoque des frais supplémentaires, notamment parce que Cuba doit importer les matières premières et elle manque à gagner des millions parce qu’il est exclu du marché étasunien.

Exemple : Le Centre de génie génétique et de biotechnologie (CIGB) a développé Heberprot-p, un médicament très efficace pour le traitement de l’ulcère du pied diabétique (UPD). A cause du blocus, l’industrie pharmaceutique, dominée par les entreprises étasuniennes, est peu disposée à un agrément international du médicament. Si 5 % seulement des patients étasuniens qui développent un DMP complexe chaque année avait utilisé ce médicament, la valeur exportée vers ce pays aurait été de 103 millions de dollars en 2018.

Les difficultés rencontrées lors de l’achat de produits de base mène à des interruptions de production dans les entreprises pharmaceutiques à Cuba et à des pénuries chroniques de certains médicaments pour la population. Un exemple : un accord avait été conclu avec la société colombienne PROENFAR pour la livraison de presque 2 millions de sachets pour la fabrication de sérum. Cet accord n’a pas été exécuté parce que la société avait un actionnaire aux Etats-Unis.

Le tourisme

toerisme

Le tourisme est devenu une des plus importantes sources de revenus de l’île. Or, le blocus fait que le pays perd des millions : 1.383 millions de dollars, entre avril 2018 et mars 2019. On estime que le potentiel de touristes étasuniens s’élève à 35 % du total des visiteurs étrangers. Dans cette hypothèse, plus d’un million et demi de touristes aurait visité Cuba l’année passée. Depuis le 5 juin 2019, les Etats-Unis interdisent toutes les compagnies aériennes et de croisières de se diriger vers Cuba. En 2018, le nombre de touristes étasuniens diminuait déjà de plus de 100.000; pour l’année 2019, on s’attend à une diminution encore plus importante.

L’agence de voyages Cubatour, quant à elle, est confrontée à un demi million de dollars de frais bancaires supplémentaires parce qu’elle ne peut pas utiliser le dollar comme moyen de paiement international, ce qui implique des taux d’échange supplémentaires ainsi que des canaux de paiement alternatifs.

3. Commerce extérieur

buitenlandse handel

L’année passée, le coût total du blocus pour le commerce extérieur s’élevait à 2.896 millions de dollars. Cuba manque à gagner des millions en recettes parce qu’il ne peut pas commercialiser ces produits de qualité (médicaments, rhum, café, etc.) aux Etats-Unis. Or, l’exportation de ces produits vers l’Europe car les sociétés qui commercialisent ces produits n’acceptent pas des produits cubains à côté de produits semblables fabriqués aux Etats-Unis.

Outre les dommages chiffrés, l’effet de l’attitude agressive du président Trump n’est pas à sousestimer. Il crée un climat d’intimidation et de découragement pour tous ceux qui envisagent d’investir à Cuba. De plus en plus de banques suppriment leurs liens financiers avec Cuba.

Le fait que Cuba ne peut pas se servir du dollar pour effectuer ses paiements internationaux coûte 85 millions de dollars au pays, entre autres à cause de taux d’échange et frais de transactions plus élévés.

Un autre coût est celui des frais supplémentaires de transport et d’assurances. Le fait qu’un navire qui accoste à Cuba ne peut plus aller aux Etats-Unis pendant 6 mois fait que des transferts inutiles vers d’autres navires ont lieu, avec une perte estimée à 72 millions de dollars.

article de CUBANISMO

https://cubanismo.be/fr/articles/le-co-t-du-blocus-tasunien-contre-cuba-44-milliards-de-dollars-par

Source : Cuba vs Bloqueo 2019 

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