Le président français est appelé à promouvoir la coopération avec Cuba en matière de santé

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Les associations de solidarité Cuba Linda et France Cuba ont appelé aujourd’hui le président Emmanuel Macron à promouvoir la coopération scientifique avec l’île pour rechercher des réponses conjointes à la pandémie de la Covid-19.

Monsieur le Président de la République,
La plupart des pays du monde et la France en particulier se trouvent depuis février dernier confrontés à un fléau inédit par sa dangerosité et son incidence sur les économies ce qui en multiplie les graves effets sur les populations des pays impactés.
Nous pensions que la pandémie du nouveau coronavirus serait contrôlée en quelques semaines et nous voilà huit mois plus tard face à une « deuxième vague » qui menace d’être pire que la première, déjà très meurtrière. Hélas nous ne pouvons que faire quasiment un constat d’impuissance, puisque nous sommes à la veille de prendre à nouveau les mêmes mesures qu’en mars et qu’aucun médicament ne semble sortir du lot par son efficacité contre la COVID 19.
Pourtant face à la pandémie, et même si la presse occidentale s’en fait peu l’écho, un petit pays s’en sort plutôt mieux que les autres, ce pays c’est Cuba, non seulement par sa gestion originale et efficace de la pandémie sur l’île, mais par l’appui qu’il a apporté aux équipes médicales de dizaines de pays et jusqu’au coeur de l’Europe. Dès le 15 mars dernier, nous vous avons écrit pour vous demander de vous rapprocher du gouvernement cubain, en raison de l’expertise des scientifiques cubains en épidémiologie, et parce qu’un médicament cubain, un antiviral puissant, l’interféron Alfa 2B développé et produit par le laboratoire cubain BioCubaFarma, et recommandé par l’OMS, faisait partie des 30 médicaments choisis par la Commission nationale de la santé chinoise et utilisé avec succès. Ce médicament et d’autres, produits à Cuba, sont depuis utilisés par de nombreux pays contre la covid19. En réalité, ce sont plus de 20 médicaments développés et produits par BioCubaFarma qui sont utilisés contre le nouveau coronavirus sur l’île, des médicaments adaptés aux différentes étapes de la maladie, en prévention, dès la détection du virus pour certains et jusqu’aux cas graves et le traitement de l’emballement inflammatoire du système immunitaire, que les médecins appellent « tempête de cytoquine » et qui peut entrainer la mort du malade. Aujourd’hui, ce pays de 11 millions d’habitants et un solide système de santé peut afficher, depuis le début de l’épidémie, 6566 cas de covid19 confirmés, 5998 personnes guéries, et 128 décès seulement.
Cuba dispose d’une puissante division recherche et développement en biotechnologie, impulsée depuis presque 40 ans et dispose de ses propres laboratoires. L’industrie biotechnologique et pharmaceutique de Cuba possède près de 2500 brevets internationaux de médicaments et produit 60 % des médicaments qui sont consommés sur l’île, et les exporte dans plus de 40 pays. Fondée en 2012, BioCubaFarma, est aujourd’hui un groupe de haute technologie, composé de 32 entreprises, 65 unités de base et 80 lignes de production. Plus de 20 000 salariés y travaillent dont plus de 1500 chercheurs et docteurs en sciences.
Par ailleurs Cuba, qui considère la santé comme un droit universel est un pays ouvert à la collaboration avec tous les autres pays, comme il l’a démontré en envoyant contre le covid19 ses équipes de spécialistes en épidémiologie dans plus de 40 pays, dont l’Italie, Andorre, en même la France dans le département de Martinique… à la satisfaction de toutes les équipes médicales et de toutes les populations qui les ont accueillies. En matière de recherche il en est de même. Le docteur Eduardo Martínez Díaz, president de BioCubaFarma l’a réaffirmé « Avec notre mission de donner la priorité à la santé publique, nous proposons une approche dynamique et ouverte à la collaboration avec des sociétés pharmaceutiques mondiales et des organismes de santé publique dans toute l’Europe » De fait, le 4 août 2020 dernier, en pleine crise sanitaire mondiale et les menaces qu’elle fait peser sur la santé publique, le groupe BioCubaFarma et la société britannique SG Innovations Limited ont annoncé la création conjointe d’une nouvelle entreprise, BioFarma Innovations. Son objectif est d’accélérer le développement et l’accessibilité en Europe et dans le Commonwealth de médicaments novateurs et leaders au niveau mondial et protégés par les brevets de BioCubaFarma, incluant les essais cliniques et le lancement de nouveaux médicaments en Europe.
L’attachement de Cuba à la coopération scientifique internationale est également démontré par la création à son initiative et sous son financement, dans une collaboration entre l’UNESCO et l’île, le prix Carlos J. Finlay de Microbiologie, dont l’objectif est de « développer l’excellence dans la science de la microbiologie et ses applications pour soutenir ses défis nationaux, mais aussi d’amplifier sa capacité au service du reste de l’humanité » Nous avons appris avec satisfaction que Patrice Paoli, ambassadeur de France à Cuba, a rencontré récemment le docteur Vicente Vérez Bencomo, directeur général de l’Institut Finlay pour des échanges sur la coopération dans le secteur des vaccins, Finlay étant aussi le nom du centre scientifique de l’Etat cubain en charge de la recherche et de la fabrication de vaccins.
Car dans le secteur des vaccins, Cuba est aussi à la pointe de la recherche depuis longtemps puisqu’en 1989, son vaccin contre le méningocoque B a remporté la médaille d’or de l’Organisation Mondiale de la propriété intellectuelle et que son « profil de sécurité » a été reconnu « excellent » dans un rapport de l’OMC en 2008.
Cuba produit en effet presque 80% des vaccins qu’elle administre de son programme national d’immunisation. Cette expérience habilite l’île tant pour sa propre production que pour la recherche et la coopération avec d’autres laboratoires.
Ce que vous aurez probablement appris à la suite de la visite de notre ambassadeur à l’institut FINLAY, Cuba a déposé un candidat vaccin contre la COVID 19 qui est le troisième au niveau mondial à avoir été accepté par l’OMS, parmi les 40 validés par l’organisme sur les 200 recherches actuellement développées dans le monde. Le nom de ce vaccin est Soberana1 et son nom scientifique Finlay front-runner1. La première phase de tests de Soberana1 a commencé fin août et fin octobre la seconde phase pour un total de 676 volontaires. Aucun effet secondaire grave n’a été reporté jusque-là. La deuxième étape de tests devrait se terminer en janvier.
Soberana1 est basé sur des particules similaires au virus et s’appuie sur des plateformes d’immunisation utilisées précédemment par les scientifiques cubains. La recherche est réalisée en partenariat avec le centre national de coordination des essais cliniques, un comité indépendant de suivi des données et un autre d’éthique.
Comme vous le voyez, Cuba a la volonté et la capacité scientifique de collaborer avec toutes les nations afin de faire progresser la microbiologie et les sciences médicales au niveau mondial. Mais pour pouvoir accélérer le développement des essais cliniques, Cuba, petit pays de 11 millions d’habitants a aussi besoin de cette coopération internationale
De plus, comme on le sait peu, les effets de la loi Etatsunienne Helms Burton et son extra-territorialité continuent de s’acharner sur l’île, sans le moindre répit en ces temps de pandémie, limitant l’accès de la population cubaine à des produits de première nécessité, aux équipements et à son approvisionnement en matières premières pour son industrie notamment pharmaceutique.
Pourtant le parlement européen a voté le 22 novembre 1996 des directives destinées à protéger les entreprises et les banques françaises et européennes qui souhaitent développer des relations économiques et commerciales avec Cuba ou tout autre pays non soumis à un embargo français ou européen. Il suffit maintenant de s’en servir et lever les blocages qui empêchent nos entreprises de travailler avec l’île
La France s’honore de voter chaque année à l’ONU pour la levée de ce blocus inique des Etats Unis contre Cuba, contraire à la charte des Nations unies. il est temps aujourd’hui de prendre les décisions concrètes en conséquence, et d’impulser les partenariats entre les laboratoires de recherche français et cubains dans l’intérêt de nos deux pays.
Enfin, nous vous demandons une nouvelle fois de vous rapprocher du Gouvernement cubain pour établir un véritable partenariat avec Cuba dans le domaine de la santé pour faire face à la pandémie comme l’ont déjà fait avec grande satisfaction de nombreux pays, dont l’Italie et notre département de la Martinique. Veuillez agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de notre respectueuse considération.
Didier LALANDE,
Président de l’association Cuba Linda
Didier PHILIPPE,
Président de l’association France Cuba

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