Confessions du chef des anti-terroristes cubains libérés par les États-Unis.

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Gerardo Hernandez a été libéré le 17 Décembre dernier après avoir passé 16 années en prison aux États-Unis.

Mon espoir est que le sommet du Panama puisse amener les deux pays à se rapprocher de la fin du blocus.

Celui qui parle ainsi, à la veille du Sommet des Amériques auquel participent les dirigeants de Cuba et des États-Unis, c’est Gerardo Hernández, chef du soi-disant réseau d’espions cubains libéré le 17 Décembre dernier.

Il est revenu depuis plus de trois mois dans l’île et partage son temps entre son bébé de 3 mois, sa famille et ses amis, et les activités et événements organisés à travers le pays, y compris une réunion avec le président cubain, Fidel Castro.

Le correspondant de la BBC à La Havane, Will Grant, lui a parlé.

Des mois d’activité frénétique !

« Ce sont 3 mois intenses et très heureux dont je me souviendrai toute ma vie » explique Gerardo Hernández, en pensant à sa vie avec la liberté retrouvée. « Des mois de retrouvailles avec la mère patrie et les amis ».

Dans le processus de réadaptation à la vie quotidienne, Hernández confie qu’il ne ressent pas les effets d’un traumatisme, mais il ya des détails qui attireront l’attention, comme le fait de se doucher dos au mur comme on a coutume de le faire en prison pour se défendre d’éventuelles attaques.

La grande nouvelle est la présence d’un nouveau membre dans la famille : sa fille Gemma née le 6 Janvier dernier et, compte tenu de la proximité de sa naissance avec la libération des anti-rerroristes, certains y voient un symbole.

Je la vois d’abord et avant tout comme notre fille, mais évidemment il ya beaucoup de gens qui voient au-delà, et la considèrent comme un symbole, peut-être de cette nouvelle relation entre Cuba et les Etats-Unis.

Rencontre avec Fidel !

Ces derniers mois, Hernandez et les autres membres du groupe des cinq ont participé à de nombreux événements, mais ont également eu le temps de voir leurs familles.

« Nous nous rendons à tous ces évènements, car nous y rencontrons des amis chers et parce qu’aucun travail ne peut apporter autant d’affection et d’amour » dit Hernandez.

L’une des rencontres les plus mémorables et émouvantes a été notre visite à Fidel Castro le 28 Février dernier, qui, selon Hernández, fut très familière et spontanée.

« Une expérience inoubliable dans la vie ! » s’écria-t-il.

Les critiques de certains secteurs !

Cependant, tout ne fut pas amour et affection avant la sortie de prison des 5 cubains.

Les membres du groupe, appelé les « Cinq de Cuba », ont été déclarés héros nationaux à La Havane, après avoir été arrêtés aux États-Unis le 12 Septembre 1998. Le 25 Février 2015, le président cubain Raul Castro a décoré les 5 agents.

En 2001, un tribunal de Miami accusa Gerardo Hernandez, René Gonzalez, Antonio Guerrero, Ramon Labañino et Fernando González d’être coupables d’agir comme agents de Cuba « non enregistrés » aux États-Unis, de complot en vue d’espionner et de pénétrer les bases militaires US.

En outre, son chef, Gerardo Hernandez, a été condamné pour complot en vue de tuer les 4 pilotes du groupe « Brothers to the Rescue » basé à Miami et dont les avions ont été abattus par l’armée de l’air cubaine en 1996.

Cette dernière accusation est celle qui a suscité le plus grand malaise parmi ceux qui sont en désaccord avec sa libération.

gerardo

Réflexion sur le dégel !

Le 17 Décembre, les présidents américain Barack Obama, et Cubain Raul Castro, ont annoncé le dégel des relations entre les deux pays, et le premier aspect de cette approche a été la libération des 3 derniers anti-terroristes cubains – une partie du groupe des 5 agents qui restaient encore emprisonnés aux USA.

Malgré des ouvertures, Gerardo Hernández se montre prudent et ne lance pas de paroles en l’air avant la rencontre entre Raul Castro et Barack Obama qui aura lieu le vendredi 10 avril au Panama à l’occasion du Sommet des Amériques.

Je crains que nous attendions beaucoup plus de cette réunion que ce qui s’y décidera. Je ne veux pas être pessimiste mais l’année à venir est une année électorale aux États-Unis et cela peut influer sur le fait que ça n’avance pas beaucoup.

Quant à la relation des Cubains vivant aux Etats-Unis avec leur pays natal, Hernandez estime que la grande majorité des Cubains ont une relation normale avec l’île.

Mais, prévient-il, « il ya une minorité qui montre une attitude hostile, ces gens ne sont jamais revenus à Cuba, ils ont vécu dans la haine et la confrontation pendant de nombreuses années. »
Il y a ceux aussi qui sont venus à Cuba pour attaquer des intérêts cubains.

« Ils sont venus à Cuba pour tuer, placer des bombes dans les hôtels, en 1976 ils ont détruit en plein vol un avion cubain. Avec ces gens, je ne pense pas qu’il y puisse y avoir un rapprochement » affirme-t-il.

Quant à l’avenir et à une possible candidature présidentielle, Hernandez répond : « Je ne refuserai jamais une tâche qui me donne à mon peuple ou à mon gouvernement, je l’accepterai avec joie, mais il y a beaucoup de tâches à accomplir dans ce pays qui ne sont pas aussi compliquées que celle-là ».

(BBC Mundo, traduction Michel Taupin)

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