La France veut « garder l’impulsion » de sa bonne relation avec Cuba

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La France va renforcer ses contacts bilatéraux avec Cuba afin de « garder l’impulsion » de sa bonne relation politique et économique avec l’île, a déclaré le secrétaire d’Etat Jean-Baptiste Lemoyne dans un entretien à l’AFP.

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« Il y a vraiment le souhait de maintenir le haut niveau de contact qui existe depuis 2015-2016 », a assuré M. Lemoyne, secrétaire d’Etat auprès du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, venu à La Havane pour la Commission économique et commerciale franco-cubaine, organisée vendredi.

Reçu samedi par le vice-président du gouvernement cubain, Ricardo Cabrisas, le secrétaire d’Etat a convenu avec lui que des points réguliers, tous les trois mois, seraient tenus entre son cabinet et l’ambassadeur cubain à Paris sur l’avancée des projets communs en cours.

« Nous sommes, je pense, des partenaires (de Cuba) un peu à part au sein de l’Union européenne et c’est un actif qu’il s’agit de faire fructifier », a estimé M. Lemoyne.

Cuba avait conclu en décembre 2015 un accord historique avec ses créanciers, réunis au sein du Club de Paris, à propos d’anciennes dettes qui n’étaient plus remboursées depuis un quart de siècle.

Les pénalités de retard, qui s’élevaient à 8,5 milliards de dollars dont quatre pour la France, ont été effacées.

Cinq projets financés

La France avait en outre décidé, comme trois autres pays (Espagne, Italie, Japon) de convertir une partie de la dette lui correspondant (environ 500 millions d’euros) en un fonds de contre-valeur de 211 millions devant financer des projets de développement.

Un premier projet, pour développer la production de viande et de lait dans la province de Camaguey (centre), avait déjà été validé.

La Commission franco-cubaine de vendredi a été l’occasion d’en approuver quatre autres, dont le plus important est la rénovation et l’agrandissement de l’aéroport international de La Havane, auquel une enveloppe de « 80 à 100 millions d’euros » a été octroyée.

Ce projet, confié en août 2016 au géant de la construction Bouygues et à Aéroports de Paris, devrait aboutir à une signature de contrat dans les prochaines semaines, selon le secrétaire d’Etat.

Les trois autres concernent la réhabilitation de canalisations d’eau après l’ouragan Irma, la remise en état d’une route près de Santiago (sud-est) menant à une ancienne exploitation française de café, et enfin la modernisation d’ateliers ferroviaires avec l’aide de la SNCF.

« Avec ces cinq projets, on aura engagé plus de la moitié du fonds » de 211 millions, qui sera désormais géré par l’Agence française de développement (AFD), selon M. Lemoyne.

Echanges en hausse

La France était le 10e partenaire commercial de Cuba en 2017 et depuis les échanges sont en hausse, indique-t-on de source diplomatique française.

Jeudi, le ministre cubain du Commerce extérieur, Rodrigo Malmierca, a assuré sur Twitter que « le commerce bilatéral a augmenté de 20% en 2018 ». « Nous continuerons de renforcer nos relations économiques avec la France », a-t-il ajouté.

Hasard du calendrier, la tenue de la Commission franco-cubaine a coïncidé avec l’approbation, par le parlement cubain, du projet de nouvelle Constitution, qui reconnaît le marché, la propriété privée et l’investissement étranger, sans renoncer à l’objectif d’une société communiste.

Les « cuentapropistas » (entrepreneurs privés) sont en effet autorisés à Cuba depuis 2008 et ils représentent déjà 13% des salariés de l’île.

Voir inscrire leur existence dans la Constitution « fait partie des signaux positifs », estime le secrétaire d’Etat.

Alors que l’économie cubaine est à la peine (croissance de 1,2% en 2018) et que le pays a récemment fait défaut sur une partie de sa dette envers le Brésil, Paris ne semble pas inquiet: « Cuba a acquitté scrupuleusement ses échéances de dette par rapport à la France », assure M. Lemoyne, qui recevra M. Cabrisas à Paris autour du 20 janvier, à l’occasion d’une réunion avec le Club de Paris.

 

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