La Colombie et les Farc signent un accord de paix historique

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La Colombie et les Farc signent un accord de paix historique
Le numéro 2 des Farc Luciano Marin, alias Ivan Marquez (à gauche) et le négociateur en chef du gouvernement colombien, Humberto de la Calle à la Havane le 24 août. ((Sipa))

Cessez-le-feu, désarmement, amnisties : s’il est validé par référendum, il ouvrira la voie à la fin d’un conflit qui a fait 260.000 morts, 45.000 disparus et 6,9 millions de déplacés.

Le gouvernement colombien et les Farc ont scellé mercredi 24 août à Cuba un accord de paix historique. Il vise à mettre un terme définitif à un conflit de 52 ans qui a fait des centaines de milliers de victimes.

Au terme de près de quatre ans d’âpres négociations à La Havane, les parties se sont entendues sur « un accord final, intégral et définitif ». Cet accord devra être soumis à référendum le 2 octobre prochain avant d’entrer en vigueur.

Cet accord en six points de l’agenda des pourparlers est voué à « mettre définitivement fin à un conflit armé de plus de 50 ans », indique un texte signé par les négociateurs, dont les pourparlers ont été menés à La Havane sous l’égide de Cuba et de la Norvège.

La décision doit encore être validée

People react during the live broadcast from Havana the signing the final agreement between the Government of Colombia and the FARC, in Bogota, Colombia, 24 August 2016. The Government of Colombia and the FARC signed the final agreement that closes the peace negotiations developed in Havana during the last four years and it must be approved by the Colombian people in a plebiscite. EFE/MAURICIO DUENAS CASTANEDA//EFE_20160825-636076941434652563/Credit:Mauricio Dueñas Castañeda/SIPA/1608250444

People react during the live broadcast from Havana the signing the final agreement between the Government of Colombia and the FARC, in Bogota, Colombia, 24 August 2016. The Government of Colombia and the FARC signed the final agreement that closes the peace negotiations developed in Havana during the last four years and it must be approved by the Colombian people in a plebiscite. EFE/MAURICIO DUENAS CASTANEDA//EFE_20160825-636076941434652563/Credit:Mauricio Dueñas Castañeda/SIPA/1608250444

« On peut maintenant proclamer que le combat des armes a pris fin, et commence celui des idées », a réagi peu après l’annonce le chef négociateur et numéro 2 des Farc Ivan Marquez, évoquant la future transformation de la guérilla en mouvement politique.

Depuis Bogota, le président colombien Juan Manuel Santos s’est félicité avec « une profonde émotion, une grande joie » de la conclusion de l’accord et a salué la fin de « la tragédie de la guerre ».

« Colombiens, la décision est entre vos mains », a-t-il déclaré, assurant à ses compatriotes que le référendum serait le vote « le plus important » de leur vie.

En Colombie, l’annonce faite à Cuba a été accompagnée de manifestations de joie. « On a pu le faire ! On a pu le faire ! », se réjouissaient des habitants dans les rues de Bogotá. Dans un parc du nord de la capitale, plusieurs centaines de Colombiens ont religieusement suivi l’annonce de mercredi soir sur écran géant, arborant notamment des ballons imprimés d’un « Oui », mot d’ordre des partisans de l’accord dans la perspective du référendum.

Ce qui a permis la signature

Quatrième tentative de paix depuis 1964, ce processus a failli achopper à plusieurs reprises. Mais un dénouement favorable était attendu depuis le 23 juin dernier, lorsque la guérilla marxiste et le gouvernement avaient conclu un accord portant sur un cessez-le-feu bilatéral et définitif et sur le désarmement des Farc.

Au cours des mois ayant précédé cet accord, les affrontements avaient été contenus à un niveau jamais atteint depuis des décennies, notamment à la faveur d’un cessez-le-feu unilatéral observé par les Farc depuis juillet 2015.

Les Etats-Unis financent depuis février un plan de paix de 450 millions de dollars. A Washington, la Maison blanche a annoncé que le président Barack Obama avait appelé son homologue colombien pour le féliciter en ce « jour historique ».

Ce que prévoit l’accord

(Fernando Vergara/AP/SIPA)

Une fois l’accord de paix final validé, la rébellion doit commencer à réunir ses troupes pour les désarmer. Selon le protocole établi, le désarmement des Farc devra être bouclé en 180 jours. Le cessez-le-feu devra être contrôlé par un mécanisme tripartite comprenant le gouvernement, les Farc et une mission de l’ONU.

« Ce n’est pas la paix, c’est un pas vers la paix, mais cela va unir un pays qui en avait grand besoin », déclarait très émue Marcela Cardenas, 24 ans, dans les rues de Bogota.

Les deux parties se sont aussi mises d’accord sur la façon de juger les militaires et rebelles accusés des crimes les plus graves pendant un conflit qui a officiellement fait quelque 260.000 morts, 45.000 disparus et 6,9 millions de déplacés. Une amnistie est prévue pour ceux ayant commis des actes moins graves – rébellion ou port illégal d’armes.

Les délégations n’ont pas précisé si l’accord définitif devra être signé par le président colombien et le chef suprême des Farc Timoleon Jimenez, dit « Timochenko », avant d’entrer en vigueur.

Ce qu’il reste à faire

En vue du référendum, de récents sondages indiquent que le « oui » devrait l’emporter, mais une forte opposition se fait entendre, dans le sillage de l’ex-président (2002-2010) Alvaro Uribe, principal opposant aux pourparlers.

Ce scrutin « marquera le début (de la paix). Si le non l’emporte, des accords peuvent être remaniés d’un point de vue juridique mais ce serait politiquement très compliqué. La guerre pourrait revenir », explique Ariel Avila, analyste du conflit de l’Observatoire de la paix et de la réconciliation.

Si cette paix se concrétise, elle ne signifiera pas pour autant la fin immédiate du conflit en Colombie, où la seconde guérilla du pays, l’Armée de libération nationale (ELN) et les bandes criminelles continuent de défier le gouvernement. Mais l’espoir est permis avec ces avancées cruciales, conjuguées à l’annonce en mars de futurs pourparlers de paix entre Bogota et l’ELN.

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