Discours du président des conseils d’état et des ministres de la République de Cuba, Raúl Castro Ruz, au sommet de l’organisation des Nations Unies.

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Estimés Chefs et Cheffes d’Etat et de gouvernement,
Distingués Chefs et Cheffes de délégations,
Monsieur le Secrétaire Général des Nations Unies,
Monsieur le président,

L’instabilité de nombreuses régions prend ses racines dans la situation de sous-développement dans laquelle vivent les deux tiers de la population mondiale.

Le programme de développement pour l’après-2015 semble être ambitieux, mais l’enthousiasme ne doit pas nous faire oublier les réalités.

Les progrès, quinze ans après l’adoption des objectifs du millénaire pour le développement, sont insuffisants et inégalement répartis. Persistent, voire s’aggravent dans de nombreux cas, des niveaux inacceptables de pauvreté et d’inégalité sociale, y compris dans les nations industrialisées elles-mêmes. Le fossé entre le nord et le sud et la polarisation de la richesse s’accroissent.

Nous constatons que nous sommes encore très loin de pouvoir compter sur un véritable partenariat mondial pour le développement. Pas moins de 2700 millions de personnes dans le monde vivent dans la pauvreté. Le taux global de mortalité infantile chez les enfants de moins de cinq ans, demeure plusieurs fois plus élevé que celui des pays développés. La mortalité maternelle dans les régions en voie de développement y est 14 fois plus élevée.

Au milieu de la crise économique et financière actuelle, les riches et les sociétés multinationales se font à chaque fois plus riches, et le nombre des pauvres, des chômeurs et des personnes sans domicile fixe s’accroit dramatiquement à cause de cruelles politiques dites « d’ austérité ». Des vagues d’immigrés désespérés arrivent en Europe fuyant la misère et des conflits que d’autres ont déclenchés.

Les moyens pour mettre en œuvre le programme, sans engagements mesurables ni calendrier, ne sont pas proportionnés à l’atteinte de ses 17 objectifs de développement durable.

Si nous voulons un monde habitable, de paix et d’entente entre les nations, de démocratie, de justice sociale, de dignité et de respect des droits de l’homme pour tous, nous devrions adopter le plus tôt possible des engagements concrets en matière d’aide au développement et résoudre le problème de la dette déjà remboursée plusieurs fois.

Il faudrait construire une autre architecture financière internationale, supprimer le monopole technologique et de la connaissance, et changer l’ordre économique international en vigueur.

Les pays industrialisés devraient accepter leur dette historique et exercer le principe des « responsabilités communes mais différenciées ». L’absence de ressources ne peut être invoquée comme prétexte alors que 1,7 millions de milliards de dollars par an sont investis dans les dépenses militaires, sans la réduction desquelles ni le développement ni une paix stable et durable ne seront possibles.

M. Président,

Le rétablissement des relations diplomatiques entre Cuba et les États-Unis, l’ouverture des ambassades et les changements que le président Barack Obama a annoncés quant à la politique envers notre pays constituent un progrès important, qui a eu le plus large soutien de la communauté internationale.

Cependant, le blocus économique, commercial et financier contre Cuba persiste, depuis plus d’un demi-siècle, et cause des dommages et des privations au peuple cubain, c’est le principal obstacle au développement économique de notre pays, il affecte d’autres nations par sa portée extraterritoriale et continue de porter préjudice aux intérêts des citoyens et des compagnies américaines. Cette politique est rejetée par 188 États membres de l’organisation des Nations Unies qui réclament d’y mettre fin.

Malgré tout, Cuba a rempli les objectifs du millénaire pour le développement et a apporté sa coopération à d’autres pays en développement dans divers domaines, ce que nous continuerons à faire dans la mesure de nos modestes moyens.

Nous ne renoncerons jamais à la dignité, à la solidarité humaine et à la justice sociale, qui sont des convictions profondes de notre société socialiste.

Merci beaucoup.

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