L’embargo n’est pas levé et Obama n’a aucun pouvoir pour le faire, malgré les articles d’une partie de la presse internationale…
La farce politique est dorénavant, elle aussi, mondialisée. Qu’on en juge : un ancien président à deux reprises (1996-2000, puis 2004-2012) de la Républicaine dominicaine, Leonel Fernández Reyna, signe dans un des derniers numéros de l’hebdomadaire Valeurs actuelles un article à la gloire de Barack Obama à la suite de son déplacement les 21 et 22 mars à Cuba.
Il compare ni plus ni moins le discours prononcé par le président américain à La Havane à « l’oraison funèbre de l’ambitieux Marc Antoine devant le cadavre de Jules César, vue par William Shakespeare ». Bigre, l’envolée politique de Barack Obama comparée au grand écrivain britannique !
Invraisemblable mais révélateur de ce qui se joue dans cette zone du monde, car outre le fait qu’il est peu probable que ce soit Barack Obama qui ait écrit son discours, cette comparaison est grotesque sur le fond.
Certes, la visite du président américain est historique puisqu’il était le premier président américain depuis 1928 à fouler le sol cubain, mais pour le reste, quel bilan ?
L’embargo n’est toujours pas levé et Obama n’a plus aucun pouvoir pour le faire, malgré les articles approximatifs d’une partie de la presse internationale… Si, effectivement, il y a un certain dégel économique, il est à dose homéopathique pour l’instant. Quant à la situation politique, dès avril, Raúl Castro était reconduit à la tête du Parti communiste cubain lors de son dernier congrès, avec, toujours présente autour de lui, la vieille garde pour les cinq prochaines années, malgré le départ annoncé du président cubain en 2018.
Alors, selon notre ex-président dominicain, Obama, tout en subtilité, aurait semé en demandant « au peuple cubain d’impulser les changements en proposant à la jeunesse une vision tournée vers l’avenir » !
Que ne l’a-t-il point fait dans son propre pays où le « Yes We Can » s’est révélé si inopérant, où son bilan est si médiocre dans tous les domaines sauf dans celui de la « com’ », bilan encore alourdi par les divers attentats islamistes de ces derniers mois…
Non seulement c’est bien mal connaître la réalité cubaine que de rêver à un printemps à la tunisienne mais, de plus, un simple geste est révélateur du peu de pouvoir d’Obama sur les castristes : à la fin de son discours, comme il le fait systématiquement devant les caméras du monde entier à ses divers interlocuteurs, de manière paternaliste mais aussi comme symbole de la puissance américaine, il allait poser sa main gauche sur l’épaule de Raúl Castro lorsque celui, très mécontent de ce geste, lui bloquera la main et la repoussera alors vers le haut sous l’air ahuri d’Obama !
Leonel Fernández n’a pas dû voir ce geste éloquent, mais il se félicite par contre qu’Obama ait pu citer José Martí (« Je cultive une rose blanche »), le défenseur acharné de l’indépendance cubaine qui avait publié, en 1891, un ouvrage, Notre Amérique, dans lequel il militait pour l’indépendance politique et économique des pays d’Amérique latine. Mais ce n’est pas toujours facile de vivre et de penser en homme libre dans cette région du monde.
Le même José Martí, grande figure de l’indépendance cubaine, l’avait il y a longtemps déjà bien compris : « La liberté coûte très cher et il faut ou se résigner à vivre sans elle ou se décider à la payer son prix. »
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