Cuba, soixante ans et toujours debout

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(José Fort Sur Radio Arts-Mada, le lundi à 19h)

Il y a soixante ans, Cuba se libérait de la domination des Etats-Unis et d’un dictateur à la botte pour s’engager dans la voie de la souveraineté, du développement et du mieux vivre de sa population. Après des années d’agressions, des années de dénigrement, après des années de résistance de ce pays d’un peu plus de onze millions d’habitants face à la première puissance économique et militaire mondiale, une prétendue historienne étrangère à la rédaction du journal auquel je suis attaché, le jour même de l’anniversaire de la révolution, a sali de sa médiocrité un peuple, un pays dont elle ne connait que les fonds des poubelles. Avec toujours le même refrain : le manque de liberté, une dictature.

Il est courant d’entendre que ceux qui osent émettre une version différente d’un « goulag tropical » sont soit des « agents à la solde de La Havane », soit victimes de cécité. Je suis de ceux-là. Ancien correspondant de « l’Humanité » à La Havane, je veux ce soir remettre quelques pendules à l’heure.

Droits de l’homme ? A Cuba, la torture n’a jamais été utilisée. On tranchait les mains des poètes à Santiago du Chili, pas à la Havane. Ce n’est pas à Cuba qu’on réprime actuellement les minorités mais au Chili et en Argentine. Les prisonniers étaient largués en mer depuis des hélicoptères en Argentine, pas à Cuba. Les opposants au gouvernement ne sont pas assassinés dans les rues de La Havane mais au Honduras sous la protection des Etats-Unis et de l’Union européenne. Quant aux prisonniers soit disant « politiques », en fait liés et subventionnés par la CIA et ses satellites, ils se comptent en quelques dizaines à Cuba alors que les victimes de la justice raciste yankee croupissent souvent depuis des dizaines d’années dans les prisons nord-américaines.

Progrès sociaux ? Voici un pays du Tiers monde où l’espérance de vie s’élève à 78 ans, où tous les enfants sont scolarisés et soignés gratuitement. Un petit pays par la taille capable de produire des universitaires de talent, des médecins et des chercheurs parmi les meilleurs au monde, des sportifs raflant les médailles d’or, des artistes, des créateurs. Où, dans cette région du monde et dans tous les pays dits en « développement », peut-on présenter un tel bilan ?

Quel autre pays aurait pu supporter la perte en quelques semaines de 85% de son commerce extérieur et de 80% de ses capacités d’achat, lors de l’effondrement de l’URSS et des pays d’Europe de l’Est?

Cuba, malgré les énormes difficultés économiques, a toujours été solidaire avec les victimes des dictatures, avec les démocrates du continent. Il faut remercier Fidel Castro et ses camarades d’avoir accueilli les réfugiés fuyant les dictatures du Chili et d’Argentine, de Haïti et de Bolivie, d’avoir ouvert les écoles, les centres de santé aux enfants des parias de toute l’Amérique latine et, plus tard, aux enfants contaminés de Tchernobyl. Il faut leur savoir gré d’avoir envoyé dans toute l’Amérique latine les chirurgiens de l’Opération Milagro rendant la vue à des populations entières. Il faut les féliciter d’avoir formé gratuitement des milliers de médecins.

Dans la mémoire de millions d’hommes et de femmes d’Amérique latine et du Tiers monde, Cuba restera un exemple des temps modernes n’en déplaise aux donneurs de leçons dont la méconnaissance de la réalité dans cette partie du monde n’a d’égale que leur arrogance et leur inculture. Quant à Fidel Castro, il figure au panthéon des héros du XX eme siècle comme son ami et camarade Nelson Mandela qui vouait au leader cubain une amitié « indéfectible ».

A Cuba, les changements intervenus ces dix dernières années dans les domaines économique et politique, avec la transmission progressive des pouvoirs aux jeunes générations, se prolongent sereinement.

La révolution cubaine évolue à son rythme, prenant en compte les mutations dans la société, les impératifs économiques et le contexte international, le panorama régional ne lui étant pas particulièrement favorable en ce moment.

A cours des dernières semaines, l’élaboration de la nouvelle Constitution a été discutée, amendée, réécrite par plusieurs millions de Cubains lors de dizaines de milliers de réunions publiques.

« Chaque Cubain pourra librement exprimer des opinions et contribuer à la réalisation de la nouvelle Constitution qui reflètera le présent et l’avenir de la Patrie avec l’oreille collée à la terre », déclarait Miguel Diaz Canel Bermudez, le nouveau président cubain à l’ouverture de la consultation nationale. C’est fait.

Fidel Castro avait pour habitude de rappeler qu’une révolution doit être continuellement en mouvement au risque sinon de disparaître. Le débat sur la nouvelle Constitution entre dans ce cadre. Qui dit mieux dans la région et… ailleurs ?

Je vous propose d’écouter Carlos Puebla interpréter « Y en eso llego Fidel » « Et Fidel arriva ». Ecoutons.

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