Cuba se relèvera une fois encore

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Alors que l’ouragan Maria vient de frapper la Guadeloupe et Porto Rico, et que les habitants de Saint-Martin ont toujours du mal à être ravitaillés, Cuba se relève du passage d’Irma et envoie des secours à Porto Rico. Si une dizaine de morts sont à déplorer les dégâts matériels sont très importants.

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Mais les Cubains ont depuis très longtemps appris à vivre avec les ouragans puisque l’ile a eu quelques antécédents comme en témoigne Marcelo Caré guide touristique à Amistur, agence de tourisme socio-politique à Cuba. « L’île a connu par le passé des ouragans dévastateurs dont le pire a été celui de 1932, mais à cette époque on ne leur donnait pas de noms. Avant la révolution le passage d’un ouragan se passait comme dans de nombreux pays des caraïbes, en République Dominicaine ou en Haïti avec des catastrophes humaines et matérielles énormes. Après la révolution, il y a eu le cyclone Flora en 1963 avec près de 2 000 morts. C’est à ce moment là que Fidel Castro a décidé de créer la défense civile afin de prévenir et d’intervenir lors de ce genre de catastrophes climatiques ou d’incendies de forêts, d’inondations etc… Cette institution a pour but de protéger ce qu’il y a de plus important dans la société, la vie humaine. C’est une institution non militaire à laquelle se subordonnent tous les autres ministères en cas de catastrophe ».

Une institution au dispositif bien rodé qui a fait ses preuves, « lorsque les ouragans se forment dans l’atlantique Africain, on sait déjà à quoi s’attendre et il y a donc plusieurs phases mises en place par la défense civile : la phase d’information, celle de prévention et celle d’alerte. C’est à ce moment là qu’il faut évacuer, des bus passent dans les campagnes, les montagnes pour évacuer les populations dans des endroits sûrs puisqu’on sait par où passera l’ouragan. Il faut donc être attentif aux informations. Pendant le passage de l’ouragan cela continue pour sortir des gens de l’eau ou secourir ceux qui n’ont pas voulu sortir de chez eux, nous avons même évacué trois dauphins d’un delphinarium menacé ». Ainsi sur un pays de 11 millions d’habitants, 2 millions ont été évacués avant l’arrivée d’Irma dans des endroits où ils ont été logés, nourris et soignés pour ceux qui ont besoin de soins médicaux et les hôpitaux ont continué à fonctionner grâce à des groupes électrogènes. Dans les zones touchées par la montée des eaux les habitants sont évacués parfois chez des voisins vivant dans des zones plus hautes. C’est ainsi que Marcelo a hébergé plusieurs personnes. C’est cette efficacité et cette solidarité qui a fait que Cuba n’a connu « qu’une dizaine » de morts lors des sept derniers ouragans les plus dévastateurs de ces dernières années parmi lesquels Charly, Ivan, Kate, Matthew ou encore Sandy qui avait entièrement rasé Santiago de Cuba sans faire de victimes. Irma a occasionné dix morts, « qui n’ont pas suivi les orientations de la défense civile », déplore Marcelo Caré.

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La capitale cubaine, La Havane n’a pas été traversée par Irma, mais elle a néanmoins subi des dégâts importants avec des vents de 150 km/h et des rafales à plus de 200 et des inondations dues à la montée des eaux. La mer s’est ainsi avancée de 500 mètres dans les rues de la ville. « Il y a de nombreux arbres et poteaux arrachés, des bâtiments inondés où  qui ont été dégradés par l’eau et le vent. Chez moi j’avais de l’eau à la taille et je n’ai plus de fenêtres ».  Et pourtant Marcelo qui habite à 300 mètres de la mer se situe en zone haute.

Mais si les pertes humaines sont limités, les dégâts sont importants sur toute la partie nord de l’île ou les infrastructures touristiques ont été touchées mais c’est l’agriculture qui a le plus souffert de cet ouragan niveau 5 dont le centre avait une vitesse de déplacement de 11km/h ce qui laisse le temps de faire des dégâts considérables. Malgré cela les écoles ont rouverte six jours après (à Saint-Martin on parle de la Toussaint) et l’ouragan n’avait pas fini de ravager l’ile que Cuba envoyait une assistance humanitaire à la République Dominicaine. Une efficacité qui a de quoi rendre jaloux les super-puissances comme la France dont les médias ne parlent de Cuba que pour mieux le caricaturer.

Une solidarité à l’internationale, mais aussi locale qui s’est aussi mise en place dès le lendemain dans l’ile, « la population est sortie dans les rues pour travailler avec la défense civile et l’armée à déblayer, nettoyer. On travaille tous au coude à coude », explique Marcelo Caré dont le moral reste d’acier,  « on va comme toujours se relever de tout ça. Le pire dans notre vie, ce ne sont pas les ouragans, on y est habitués. C’est le blocus américain qui est un ouragan qui dure depuis plus de 56 ans, nous étouffe et nous empêche de nous développer. C’est criminel, du terrorisme d’État parce qu’un tout petit pays comme Cuba a décidé un jour de prendre son propre destin en main. C’est le seul pays qui n’a jamais plié face à l’empire et aux administrations américaines et ça leur reste en travers de la gorge. Nous sommes toujours très vigilants face à eux, c’est pour ça que nous avons survécu. C’est David contre Goliath. Aujourd’hui nous sommes face à une administration américaine très agressive qui fait trembler le monde avec Trump. Il n’y a qu’à écouter son dernier discours devant l’ONU pour s’en convaincre mais ce n’est pas une administration de plus qui va nous faire peur ».

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Cette catastrophe climatique pose une fois de plus la question du réchauffement de la planète,  « en 1982 devant les Nations Unies, Fidel Castro parlait déjà de changement climatique et disait que l’homme allait détruire la planète. On le prenait pour un fou mais on constate aujourd’hui qu’il avait vu juste alors qu’aucune administration américaine n’a jamais signé un quelconque engagement contre le réchauffement climatique comme Rio ou Kyoto et Trump est dans cette droite lignée », explique Marcelo Caré qui n’est pas un idolâtre et pour qui « la révolution, ce n’est pas Fidel qui l’à faite même s’il était l’homme qu’il fallait au bon moment. C’est le peuple cubain qui l’a faite et continue à la faire. Je suis convaincu que Cuba est le pays le plus solidaire au monde et je suis aussi conscient que si Cuba a survécu depuis 56 ans c’est qu’il a reçu beaucoup de solidarité. Après cet ouragan c’est aussi le moment pour que les gens soient solidaires avec Cuba. »

 

Philippe Jolivet pour Cuba Linda.

 

ALERTE CUBA IRMA

 Déjà 18 000  euros récoltés par l’association Cuba Linda

L’association Cuba Linda installée à Boulazac en Dordogne a lancé un appel aux dons et a déjà reçu près de
18 000 euros pour soutenir le peuple Cubain.

Moins d’un an après Matthew cette fois-ci c’est le montre « Irma » de catégorie 5 qui s’est acharné sur l’île de Cuba (le plus dévastateur depuis 1932) . 

La zone impactée par le cyclone est immense, sur des centaines de kilomètres, de la pointe de Maisi à l’extrême Est de l’île jusqu’à la région de La Havane, toits arrachés, constructions tout ou partie détruites par les vents ou les entrées maritimes, zones agricoles ravagées. Les zones les plus touchées ont été Ciego de Avila, Camaguey et Villa Clara. La solidarité cubaine est déjà en marche et celle des pays frères aussi mais les besoins en matériaux et autres produits seront énormes.

« Amis de Cuba il est temps d’exprimer votre solidarité envers le peuple cubain. Toute donation même modeste accélèrera la reconstruction des zones dévastées. SVP envoyez vos dons à :

Cuba Linda, 9 rue Pablo Picasso 24750 Boulazac.

Chèque libellé à Cuba Linda-Irma et au verso le nom ou le pseudo sous lequel vous souhaitez que nous enregistrions votre chèque car nous effectuerons un suivi des dons et en publierons au fur et à mesure la liste sur internet. Nous souhaitons rendre hommage à l’État Cubain et à la défense civile cubaine, pour son efficacité sans faille, à la solidarité de tous les Cubains entre eux, qui sont plus grands, plus humains lorsqu’ils sont face à de telles difficultés. Un pays où la vie compte plus que toute autre chose, même dans les endroits les plus reculés. Une vraie leçon de vie. »

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