Amérique Latine : C’est le moment de relancer la gauche

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La Havane est, ces jours-ci, au centre du débat latino-américian et caribéen sur les alternatives au modèle libéral et la nécessité de l’unité pour faire face à la nouvelle attaque de la droite et des centres du pouvoir mondial.

La XXIV° Rencontre du Forum de Sao Paulo, qui se déroule dans la capitale cubaine depuis dimanche et qui s’achèvera mardi réunit plus de 430 délégués de partis progressistes et de gauche de la région ainsi que des invités d’Europe, d’Asie et d’Afrique.

Après avoir inauguré l’événement avec les discours de la secrétaire générale du Forum, Mónica Valente, du premier ministre de Saint Vincent et les Grenadines, Ralph Goncalves et du secrétaire du Bureau Politique du Parti Communiste de Cuba, José Ramón Balaguer, les délégués se sont réuni dans une École de Formation Politique pour partager des expériences concernant le travail idéologique et de mobilisation des différents mouvements.

« L’un des contenus les plus importants d’un processus de formation d’un révolutionnaire en Amérique Latine est d’être convaincu de l’importance du Forum de Sao Paulo et de la paix pour la région, » a dit lors de cette rencontre Gabriel Becerra, du Parti Communiste de Colombie.

Becerra a dénoncé le fait que, depuis la signature des accords de paix entre le Gouvernement et les FARC-EP, plus de 380 dirigeants sociaux dont 63 ex-combattants de cette organisation ont été assassinés. 

Ce soir s’est aussi déroulé la III° Rencontre entre le Parti de Gauche Européen et les membres du Forum de Sao Paulo.

Les délégués ont plaidé pour un front commun pour affronter les menaces des 2 côtés de l’Atlantique dont souffrent les mouvements progressistes et les mouvements qui s’opposent au statu quo.

Pablo González, du Front Large d’Uruguay, a dit qu’il existe « de nouveaux défis » et qu’il faut « construire des réponses » efficaces : « Notre incapacité à discuter de ces sujets est un avantage pour la droite, » a-t-il ajouté après avoir souligné l’importance du Forum en tant qu’espace de concertation entre toutes les forces de gauche.

Pour sa part, la déléguée italienne Ana Campos Silveiro a expliqué que, du côté de l’Europe, le plus gros problème est une intégration basée sur des fondements économiques, militaires et commerciaux et non sur la justice et la démocratie.

Elle a dénoncé le fait que son pays compte plus de 300 bases militaires des Etats-Unis et de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), ce qui implique une nouvelle sorte de colonisation et de subordination.

« Il faut avoir plus de courage pour proposer des modèles différents, » a dit Campos et elle a critiqué la social-démocratie européenne parce qu’elle se plie aux intérêts du grand capital.

Une référence pour l’Europe

Cuba et l’Amérique Latine constituent une référence pour la gauche européenne, a assuré la députée allemande Heike Haense qui s’est rendue à Cuba pour participer au Forum.

La vice-présidente du Parti de Gauche (Die Linke) en Allemagne a évoqué ses attentes concernant ce Forum et les relations parlementaires avec Cuba et la gauche latino-américaine dans une interview exclusive accordée à Prensa Latina avant son départ. 

Haense est présidente du Groupe d’Amitié Parlementaire Allemand pour l’Amérique Centrale et les Caraïbes qui participe à la XXIV° Rencontre Annuelle du Forum de Sao Paulo. A son avis, cette rencontre continue à être la plus importante du continent américain pour mesurer et faire un inventaire du développement de la gauche actuellement au Gouvernement ou dans l’opposition.

A propos de Cuba, Haense a souligné que ce forum est une occasion de s’informer sur le niveau de développement de l’actualisation du modèle économique cubain et sur les défis qu’affronte le Plus Grande des Antilles au niveau international et les possibilités qu’elle a.

Elle a signalé que ces derniers temps, la droite a regagné du terrain dans le monde, ce qui, pense-t-elle, est le résultat d’une surestimation de cette force d’opposition par les Gouvernements de centre-gauche.

Elle a critiqué l’ingérence des Etats-Unis et de l’Union Européenne (UE) dans les affaires intérieures de divers pays et l’éloignement des Gouvernements progressistes de certains secteurs de la population et des mouvements de base.

D’autre part, elle a fait l’éloge de l’attitude de certains ressortissants de pays comme le Brésil et l’Argentine qui luttent pour défendre leurs dirigeants de gauche contre les calomnies impérialistes et pour en pas céder de terrain à l’oligarchie.

En Europe, a-t-elle assuré, le renforcement de la droite signifie l’échec des partis sociaux-démocrates et socialistes qui laissent, à son avis, un vide politique. Par exemple, en Allemagne, il est triste qu’une partie des ouvriers et de al population qui vivent dans des conditions de précarité dangereuses choisissent dans les sondages le parti de droite radicale Alternative pour l’ Allemagne (AfD), a expliqué Haense. 

López Rivera: Soutien à la cause indépendantiste

L’indépendantiste portoricain Oscar López Rivera a demandé aujourd’hui à La Havane le soutien du Forum de Sao Paulo à la cause de l’autodétermination de Porto Rico soumis à plus d’un siècle de domination des États-Unis.

« Nous sommes à un moment crucial pour Porto Rico, dans lequel nous cherchons tout le soutien possible pour mettre fin à 120 années de domination coloniale, un crime perpétré en toute impunité par les États-Unis, » a-t-il déclaré à Prensa Latina au Palais des Conventions où a été inaugurée la XXIV° Rencontre du Forum.

Selon López Rivera, l’un des efforts en marche est destiné à ce que l’Assemblée Générale des Nations Unies prenne en considération le cas de Porto Rico et plaide pour la fin de la colonisation.

L’indépendantiste a considéré que la rencontre annuelle du Forum de Sao Paulo, qui est revenue à Cuba après les éditions de 1993 et de 2001, doit constituer un espace pour affronter l’ingérence étasunienne dans la région.

Atilio Borón: C’est le moment de relancer la gauche

Le politologue argentin Atilio Borón a appelé à relancer la gauche en Amérique Latine à partir de la plateforme que représente le Forum de Sao Paulo.

Dans des déclarations exclusives à Prensa Latina, il a prévenu que la réunion de 3 jours qui se déroule au Palais des Conventions doit servir à la relancer, dans un contexte parqué par l’attaque de la droite qui est revenue au pouvoir par différents moyens dans plusieurs pays de la région.

Selon Borón, le moment actuel se caractérise par une perte de stimulation de certains processus de ce qu’on appelle le nouveau cycle de la gauche latino-américaine, une étape qui a débuté avec la victoire d’ Hugo Chávez aux élections présidentielles de 1998 au Venezuela.

Après la stimulation de ces 20 dernières années, nous voyons que le Venezuela affronte une guerre économique et un blocus, des attaques contre la Révolution Cubaine, le coup d’Etat au Brésil et la défaite en Argentine, entre autres difficultés, a-t-il précisé.

Cependant, a-t-il ajouté, la victoire récente d’Andrés Manuel López Obrador au Mexique et les bons résultats de Gustavo Petro aux élections en Colombie ouvrent d’énormes perspectives.

« Cela nous fait penser que nous sommes à la veille d’une relance du cycle progressiste et de gauche en Amérique Latine, » a-t-il souligné.

Pour Borón, la XXIV° Rencontre du Forum de Sao Paulo est le bon moment pour ratifier les avancées et corriger les erreurs.

Ce qui est essentiel, c’est que dans ce forum, nous faisons un exercice d’autocritique qui nous permet de voir ce que nous avons fait et ce que nous n’avons pas fait, si nous arrivions à quelque chose ainsi, nous pourrions être très satisfaits.

Selon lui, le fait que Cuba accueille à nouveau le Forum de Sao Paulo, après l’avoir accueilli en 1993 et 2001, est particulièrement important parce que l’île est une scène symbolique pour la cause de la révolution en Amérique Latine.

Par conséquent, je suis très heureux de revenir à La Havane, il me semble très important que le forum ait lieu dans cette ville, » a-t-il conclu.

La jeunesse est actrice dans les batailles de la gauche 

Les jeunes qui assistent au Forum de Sao Paulo ont discuté mercredi avec les membres de l’Union des Jeunes Communistes de Cuba (UJC) au Palais des Conventions de La Havane.

Susely Morfa, première secrétaire de l’UJC, a appelé les jeunes de toute la région à continuer à s’unir et à multiplier leurs voix.

« Nous avons la mission de donner une continuité aux causes progressistes au niveau international et de rendre l’unité forte, » a-t-elle ajouté.

Pour sa part, Ronald Hidalgo Rivera, second secrétaire de l’UJC, a signalé que l’impérialisme continue à poser ses yeux sur les jeunes grâce à des moyens comme le coup d’Etat doux et la guerre non conventionnelle.

Donc, a-t-il dit, l’une des missions de l’UJC est de « combattre les manifestations subversives et les attitudes d’aliénation destinées aux jeunes pour détruire la Révolution. »

(avec des informations de Prensa Latina)

traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

source en espagnol :

http://www.cubadebate.cu/cuba/2018/07/15/la-hora-de-relanzar-la-izquierda-en-america-latina-y-el-caribe/#.W0xC3C3pMRE

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