Depuis qu’elle a étudié en Union Soviétique en 1979 la vie de Josefina Vidal Ferreiro a toujours été liée à la culture, à la langue et aux évènements politiques et académiques des Etats-Unis.
Elle parle sans s’exalter, même des choses les plus dures. Elle explique tout d’une façon simple. Ses capacités à communiquer ont dû beaucoup lui servir lorsqu’elle s’entretenait avec des représentants de Washington l’an passé, d’abord pour rétablir les relations diplomatiques et ensuite pour normaliser les liens avec notre pays.
Pour avoir quelques réponses supplémentaires, nous décidons d’aller à son bureau au Ministère des Relations extérieures.
A un peu plus d’un an après le 17 décembre 2014 vous vous sentez toujours optimiste ?
Je travaille avec beaucoup d’énergie et d’optimisme mais je commence à être un peu plus réaliste quant à ma vision de la réalité parce que les élections américaines arrivent et nous ne savons pas ce qu’il va se passer.
Il reste un an à travailler avec cette administration et du côté cubain la volonté d’aller de l’avant est très forte et nous voyons les possibilités pour que ça arrive. Mais c’est une année qui va être réduite à cause de la campagne électorale; politiquement parlant, ça nous laisse jusqu’à l’été.
Il y a des difficultés qui ne sont pas de notre ressort mais nous gardons la conviction que Cuba et les Etats-Unis n’ont pas d’autres possibilités qu’une cohabitation respectueuse, et l’expérience l’a déjà prouvé: la confrontation n’aboutit à rien.
Le processus pourrait s’inverser ?
J’ai lu avec beaucoup d’intérêts certains écrits d’universitaires ou d’intellectuels ainsi que de certains membres du Congrès des Etats-Unis qui affirment que le processus ne pourra pas s’inverser. Je ne serai pas si catégorique. Certains aspects le sont.
Je n’imagine pas qu’un nouveau président, qui que ce soit, dise qu’il va rompre les relations avec Cuba et ferme l’ambassade. Il y a d’autres sujets sur lesquels il pourrait faire marche arrière, comme la coopération dans différents domaines, abroger certains des instruments adoptés par l’exécutif ou par voie de l’inaction et les vider de leur sens.
Il y a quelques temps, Obama parlait d’une cohabitaion harmonieuse. Comment y arriver et quels seraient les défis pour Cuba ?
Le Général Raúl Castro a dit:”cohabitation civilisée basée sur le respect des différences.” C’est un travail en cours. Cuba n’a jamais eu avec les Etats-Unis une relation civilisée et comme nous la voulons: respectueuse et d’égal à égal.
C’est pour cela que je dis toujours que nous sommes en train de construire un nouveau type de relation qui nous permet de travailler ensemble dans plusieurs domaines mais qui reste un défi parce que nous avons connu une forte confrontation jusqu’à aujourd’hui.
Maintenant que les relations diplomatiques ont été rétablies, nous pensons à la façon d’organiser notre coopération. Dans le domaine de l’environnement nousa vons déjà adopté une declaration commune générale qui doit être adaptée. Nous cherchons à faire la même chose dans le domaine de la lutte contre les drogues.
Nous voulons qu’il y ait en début de l’année des réunions entre le Ministère cubain de la Santé Publique et le Département de la Santé et des Ressources Humaines des Etats-Unis afin de concrétiser les actions de coopération sur la base des intérêts identifiés.
Cependant, le Programme Parole pour les professionnels médicaux cubains est en contradiction.
Et ils le savent. Nous leur répétons inlassablement. Non seulement il est en contradiction dans cet aspect spécifique de cooperation mais aussi dans le climat bilatéral que les Etats-Unis cherchent à créer à Cuba.
Ce programme-de même que la politique pieds secs, pieds mouillés- pourrait être changé par Obama car ce ne sont pas des lois.
C’est une politique, un programme. Il pourrait faire un communiqué et dire que c’est fini. Dans le context actuel, le Programme Parole ne tient pas, alors que la politique pieds secs, pieds mouillés, si et elle encourage l’émigration illégale et accentue l’émigration irrégulière parce que la majeure partie des personnes sont sortis légalement du pays.
Sujet par excellence: le blocus qui est au centre de toute la relation. Obama a introduit quelques mesures en janvier et en septembre. Que peut-il faire de plus ?
Beaucoup. C’est vrai que c’est une année électorale mais les pas de que fait Obama depuis le 17 décembre 2014 ne lui ont pas coûté cher politiquement. Dans la plupart des secteurs de la société américaine, la réaction a été positive. De même, certains républicains conservateurs y sont favorables car cela représente des intérêts économiques mais ils ne le disent pas car cela équivaudrait à accepter la politique d’Obama.
Le président a de la marge mais il préfère faire autre chose parce que les mesures prises ont une limite. C’est positif mais elles restent insuffisantes.
Selon les nouvelles mesures, Cuba peut acheter différents produits, équipements aux Etats-Unis. Comment est-ce possible si la régulation actuelle interdit l’accès aux crédits privés? Comment va-t-on acheter en espèces, en avance? Personne ne fait du commerce comme cela.
Autre thème: le dollar. On suppose que s’il y a une transaction bancaire directe entre les deux pays on utilisera le dollar pour ces opérations autorisées. Quelques soient les mesures prises pour enlever le blocus, cela nous sera profitable. C’est pour cela que c’est toujours notre cheval de bataille car il représente un obstacle à chaque proposition de développement.
Que pourrait-il se passer en 2016 ? Dans le cas de la Commision Bilatérale, quelles actions ou accords est-il juste d’attendre ?
Nous avons des sujets en cours tel que l’accord pour les vols réguliers directs, adopté ad referendum et il faut confronter les textes, les traductions et fixer une date pour signer l’accord. Ensuites, les lignes américaines devront établir leur accord avec Cubana de Aviación et l’Institut d’Aéronautique Civil.
C’est une tâche complexe, technique et aux Etats-Unis, il faut passer plusieurs étapes car il y a beaucoup de lignes toutes égales face à ce nouveau marché. Il n’y a pas encore de date pour le début de ces vols mais certaines lignes parlent de commencer les trajets mi-2016.
Notre but est aussi d’assumer une politique commune de coopération contre le trafic de drogue. Nous devons continuer à dialoguer sur la loi à Washington et choisir la route à suivre en ce qui concerne le terrorisme, le combat contre la traite de personne, la fraude migratoire et l’assistance judiciaire.
Nous continuerons à dialoguer sur les compensations, un sujet complexe qui prendra du temps à résoudre car il n’y a pas de recette magique. Quand on regarde les expériences des pays voisins, chacun à trouvé sa solution selon son cas précis.
Via.
Aucun commentaire