Discours prononcé par Miguel Diaz-Canel Bermudez

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Discours prononcé par Miguel Diaz-Canel Bermudez, président du Conseil d’État et du Conseil des ministres, à l’Assemblée nationale du Pouvoir populaire,le 22 décembre 2018, « Année 60 de la Révolution »

(Traduction de la version sténographique du Conseil d’État)

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Cher général d’armée Raul Castro Ruz, Premier secrétaire du Comité central du Parti,

Compañeros Machado et Lazo,

Députées et députés,

Compatriotes,

MES premières paroles en cette Journée de l’éducateur seront pour féliciter et exprimer toute ma reconnaissance aux enseignants cubains, qui nous consacrent, bien plus que leurs heures, le sens de leur vie.

L’année 2018 est presque terminée et nous sommes réunis à nouveau pour la traditionnelle accolade et l’évaluation d’une période cruciale de l’Histoire de la Révolution cubaine.

Cette année qui s’achève aujourd’hui restera dans notre mémoire nationale comme l’année où une nouvelle génération, de manière progressive et régulière, en témoignage manifeste de continuité, a commencé à assumer les principales tâches de direction, avec la chance d’être guidée par la génération historique, en particulier par le général d’armée Raul Castro Ruz, Premier secrétaire du Parti communiste de Cuba.

Au cours des mois qui se sont écoulés depuis les sessions de l’Assemblée, en avril, nous avons compté sur cet accompagnement face aux défis les plus difficiles et les plus inattendus et nous avons trouvé dans sa confiance et dans la direction collective les ressources fondamentales pour nous présenter ici aujourd’hui et vous rendre compte, déterminés à donner une solution aux problèmes qui préoccupent le plus le peuple, lesquels absorbent chaque minute de nos journées et chaque parcelle de nos énergies.

En dressant un bilan des efforts et des résultats, je dois parler avant toute chose de la profonde satisfaction que nous a procurée le débat populaire sur la nouvelle Constitution qui est adoptée aujourd’hui.

À travers ce débat, nous avons non seulement enrichi notre culture politique, notre sentiment d’appartenance à une nation et à l’avenir du pays. Nous nous sommes rapprochés davantage des préoccupations et des demandes de nos gens, un objectif fondamental de la Révolution, duquel les adversaires ont toujours tenté de nous distraire, résolus à fracturer et à diviser la société cubaine, conscients que l’unité est sa force la plus précieuse.

Je voudrais dire que cette année a été une année d’impulsion pour le gouvernement électronique et d’une efficacité accrue dans la gestion économique, mais il ne s’agit que de la première étape d’une tâche aux exigences infinies qui devrait commencer à porter ses premiers fruits vers 2019.

Et il convient de dire que nous avons également traversé des épreuves très dures, comme les inondations qui ont dévasté les provinces centrales et la chute d’un avion qui a laissé un solde douloureux de 112 morts et une seule survivante, qui a envoyé récemment un beau message de remerciements à ses compatriotes et notamment à l’équipe médicale qui l’a sauvée.

Ayant ainsi rempli la triste tâche de revivre la pire nouvelle de cette année pour Cuba, je reviens à la plus encourageante.

Cette session de l’Assemblée nationale s’achève sur une décision transcendante pour la vie de la nation : l’approbation de la nouvelle Constitution de la République qui sera soumise en février au référendum.

Nous y sommes arrivés au terme d’un vaste processus de consultation populaire où les citoyens, résidant à Cuba ou à l’étranger, ont eu l’occasion d’exprimer librement leurs opinions sur le contenu du projet, qui comprenait, entre autres aspects importants, les fondements politiques et économiques, les droits et les devoirs et la structure de l’État.

Toutes et chacune des interventions ont été dûment évaluées et elles ont entraîné des changements dans environ 60% des articles du Projet, ce qui a permis d’enrichir son contenu.

L’analyse populaire a montré clairement la volonté de perfectionner la Constitution, mais elle est allée beaucoup plus loin, en apportant des éléments importants à prendre en compte dans le vaste exercice législatif que nous devons entreprendre pour soutenir par les lois nécessaires le respect des préceptes constitutionnels.

L’occasion est propice pour féliciter, au nom de l’Assemblée nationale, tous ceux qui ont permis d’assurer et d’organiser le processus de consultation populaire, notamment les binômes qui ont dirigé les plus de 133 000 assemblées qui se sont tenues dans tout le pays, les fonctionnaires chargés de la collecte et de l’analyse des données, le Centre des études sociopolitiques du Comité central du Parti et, en particulier, la Commission chargée de la rédaction de la Constitution et, plus précisément comme il a été souligné, son président, le général d’armée Raul Castro Ruz (Applaudissements).

La Loi fondamentale que nous venons d’adopter réaffirme la voie socialiste de la Révolution et nous permet d’orienter le travail de l’État, du gouvernement, des organisations et de tout le peuple vers le perfectionnement continu de la société ; elle renforce nos institutions ; elle établit la prévalence de la Constitution dans notre action, une inclusion accrue, la justice et l’égalité sociale, ainsi qu’un renforcement de l’autonomisation du peuple dans le cadre du gouvernement de la nation.

Ce processus, qui se poursuit avec la tenue du référendum le 24 février de l’année prochaine, est une démonstration authentique et exceptionnelle de l’exercice du pouvoir par le peuple et, par conséquent, du caractère nettement participatif et démocratique de notre système politique.

Contrairement à ce que prétendent les ennemis de la Révolution, Cuba a montré une fois de plus que les décisions fondamentales et le consensus autour des questions qui définissent la vie de la nation sont construits avec la contribution décisive de tous. Il faudrait dire à nos détracteurs de prendre le risque d’organiser dans leur pays un processus semblable à celui que nous mettons en œuvre.

À une date qui nous est aussi chère que le 24 février, 124 ans après la reprise de la lutte pour l’indépendance menée par le Héros national José Marti, nous, les Cubains de ces temps-ci, fidèles aux traditions de luttes, nous rendrons aux urnes pour approuver la Constitution, en signe de fermeté, de loyauté envers l’héritage du commandant en chef de la Révolution cubaine, le compañero Fidel Castro, et nous dirons par notre vote : Oui à la révolution, à la souveraineté et à l’indépendance de la Patrie et à l’unité. Oui au socialisme et à l’engagement envers les héros et les martyrs durant ces plus de 150 années de luttes pour la liberté.

Chrs compañeras et compañeros,

Le débat au sein des dix commissions de travail de cette Assemblée a été intense et fructueux. Outre le texte constitutionnel, nous avons discuté en séance plénière de deux questions prioritaires : le respect du plan et le budget cette année, ainsi que ses propositions pour 2019.

Avec une croissance discrète du Produit intérieur brut de 1,2 % qui, bien que limité, n’en reste pas moins encourageant au milieu de tant de facteurs défavorables, le comportement de l’économie en cette fin d’année montre des signes prometteurs.

Pour ne pas le sous-estimer, permettez-moi d’indiquer brièvement quelques décisions qui ont bénéficié de cette croissance discrète, mais réelle :

En novembre de cette année, l’augmentation du minimum de pension des retraités est entrée en vigueur, passant de 200 à 242 pesos pour près de 300 000 personnes.

Toutes les prestations monétaires reçues au titre de l’aide sociale ont également été augmentées de 70 pesos, au bénéfice de 99 000 familles.

Ces augmentations, dont le coût annuel pour le budget de l’État s’élève à 224 millions de pesos, visent à améliorer modestement le revenu des personnes et des familles à faible pouvoir d’achat et constituent une avance partielle des mesures qui seront adoptées pour réglementer la situation des salaires, des pensions, des prestations sociales, des aides et des prestations gratuites.

L’un des secteurs qui contribue le plus est celui des communications, grâce à la croissance de la connectivité et de l’accès à Internet dans des entités de l’État, ainsi que dans les services demandés par la population, avec l’augmentation de 700 000 lignes de téléphonie mobile, pour un total de 5 300 000 en service.

Les points d’accès publics via wifi augmentent également de plus de 300 et le nombre de foyers connectés à Internet est déjà de 60 000.

Les dommages les plus importants au Produit intérieur brut ont été concentrés dans l’industrie sucrière et, plus légèrement, dans le secteur de l’agriculture et de l’élevage. Cependant, il convient de souligner l’augmentation de la production de riz et de haricots qui nous permet de remplacer des importations.

Malgré l’impact de l’ouragan Irma, qui a gravement affecté la commercialisation de Cuba en tant que destination touristique pendant la haute saison 2017-2018, et les mesures adoptées par le gouvernement des États-Unis pour entraver les voyages dans notre pays, le tourisme bouclera cette année avec un nombre record de visiteurs internationaux.

Le fait qu’au milieu de tant de facteurs défavorables, les services sociaux aient été garantis à la population dans les domaines de l’éducation, de la santé, de la culture et des sports est tout aussi important. 2018 devrait s’achever avec un taux de mortalité infantile de 4, semblable à celui de l’année précédente, qui est le plus bas de l’Histoire.

Le programme du logement est l’un de ceux qui a connu une impulsion significative, ce qui a permis d’achever la construction de plus de 29 000 maisons à partir du plan de l’État, tandis qu’environ 11 000 autres seront construites par la population, à partir d’un financement personnel. La politique du logement qui a été récemment approuvée par le Conseil des ministres et communiquée aux députés lors de la présente session du Parlement contribuera à cet effort.

Pour l’année prochaine, des niveaux semblables de croissance de l’économie sont prévus, soit 1,5 % du Produit intérieur brut, avec une reprise de l’industrie sucrière et une augmentation de l’activité dans d’autres secteurs tels que la construction, le transport et les communications.

Mais cette croissance, même si elle reflète les progrès du pays dans certains secteurs, ne lui permet pas d’atteindre les niveaux de développement nécessaires à la satisfaction des besoins toujours croissants de la population. C’est pourquoi, dans le cadre du Plan national de développement économique et social à l’horizon 2030, une série d’objectifs a été définie, vers lesquels doit s’orienter le comportement de l’économie pour la période 2019-2021. Dans ce cadre, l’augmentation des revenus d’exportation et les capacités d’accroître la production nationale, grâce à un processus d’investissements qui exige une plus grande efficacité seront d’une importance vitale

En 2018, les formes de gestion non étatiques ont contribué au budget de l’État à hauteur de 12 % des recettes totales, lesquelles devraient également croître légèrement l’année prochaine. Les quelque 600 000 travailleurs à leur compte apportent 5 % des revenus du Budget.

Compañeras et compañeros,

La situation des finances extérieures du pays reste tendue en raison du non-respect des revenus planifiés provenant des exportations, du tourisme et de la production sucrière, ce à quoi s’ajoutent les dommages causés par une sécheresse prolongée, suivie des dégâts occasionnés par l’ouragan Irma et, plus tard, la survenue de fortes pluies, le tout provoquant des difficultés dans l’arrivée des matières premières, des équipements et des intrants.

Ce n’est que grâce à des mesures de contrôle supplémentaires dans les principales garanties financières du plan 2018, visant à travailler avec une précision accrue les décisions en matière d’importations et autres dépenses en devises au second semestre que nous sommes parvenus à la croissance avec un solde positif de la balance commerciale et du compte courant.

Nous avons indiqué que la bataille économique reste la tâche fondamentale et aussi la plus complexe. C’est la tâche que exige le plus de nous tous aujourd’hui, parce que c’est celle dont notre peuple attend le plus.

Le contexte que nous avons décrit exige une planification mobilisatrice, visant à empêcher la bureaucratie d’immobiliser la gestion des principaux acteurs économiques.

Il s’impose de renforcer nos structures et nos équipes de direction et de gestion économique par la contribution de spécialistes et d’experts des Sciences économiques en particulier et d’autres en général. Nous ne pouvons pas nous lasser d’écouter ceux qui savent, d’évaluer leurs propositions et de les articuler à ce que nous envisageons de réaliser.

Nous avons besoin d’une attitude plus proactive, plus intelligente et plus concrète de la part des dirigeants, qui favorise – et non qui bloque ou retarde – des solutions sûres et spécifiques aux problèmes, tout en recherchant, de façon continue et approfondie, des réponses agiles et efficaces.

Il nous faut être plus cohérents quant à la Conceptualisation du Modèle économique et social et plus systématiques et plus précis dans la mise en œuvre des Orientations de la politique économique et sociale de la Révolution, adoptées par notre Parti.

Il est temps d’agir sans dogmes et avec réalisme, en prenant en charge les priorités, en facilitant le renforcement réel de l’entreprise d’État et de son enchaînement productif avec les investissements étrangers, les entreprises mixtes et le secteur non étatique de l’économie.

Nous devons également ordonner l’activité du secteur privé de l’économie, mais sans entraver ni ralentir ses performances, en encourageant les meilleures pratiques jusqu’à obtenir que ceux qui exercent cette forme de gestion s’écartent de l’illégalité. Le défi est d’intégrer tous les acteurs, les formes de propriété et de gestion présents dans notre environnement économique et social, dans la bataille pour l’économie qui, je le répète, est aujourd’hui la bataille fondamentale.

Comme les résultats de l’année nous le montrent, il est impératif de promouvoir les investissements étrangers, de favoriser un climat de confiance et de sécurité pour les investisseurs, d’exporter davantage, de défendre les recettes, de conclure le cycle des exportations avec l’encaissement en temps opportun, respecter ce que le général d’armée Raul Castro a déclaré à plusieurs reprises, à savoir de ne pas dépenser plus que nous n’encaissons et de ne pas assumer d’engagements que nous ne sommes pas en mesure de respecter. Par ailleurs, il faut également arrêter et résoudre la chaîne des impayés.

Investir avec efficacité et faire respecter les études de faisabilité après le démarrage des investissements est aussi important que d’accorder toute l’attention possible à leur exécution, en garantissant les matériaux et la main-d’œuvre en temps voulu, en évitant les surprises et l’improvisation.

Nous devons en même temps connaître et gérer toutes les possibilités de financement, utiliser les crédits plus efficacement et être responsables quant à leurs remboursements.

Mettre à profit efficacement les précieuses ressources humaines et la main-d’œuvre qualifiée et scientifique que nous nous sommes données grâce à la grande œuvre éducative de la Révolution ; défendre la production nationale, mobiliser toutes nos potentialités pour produire davantage et avec efficacité, est la seule chose qui nous permettra de croître, au-delà des dommages climatiques et de la tension financière.

Nous devons également éviter les dépenses superflues dans les activités gouvernementales, parvenir à un contrôle réel des ressources et tirer parti des expériences d’autres nations socialistes telles que la Chine, le Vietnam et le Laos.

La gestion gouvernementale doit être orientée avec une plus grande détermination vers l’exigence de la qualité des services et éviter que leurs déficiences ne provoquent des mécontentements et de l’irritation au sein de la population. Nous ne devons jamais oublier qu’en tant que serviteurs publics, notre objectif majeur est le bien-être du peuple.

Aborder la situation actuelle de manière réaliste et objective est ce qui nous permet de définir un plan économique durable pour l’année 2019, fondé sur des bases solides qui favorisent, en dépit des difficultés, le développement dans les activités prioritaires pour la croissance et contribuent au rétablissement progressif de la crédibilité financière du pays.

Compatriotes,

2019 sera une année de mise en ordre. Le plan sera basé sur les recettes en devises du pays et leur encaissement, en payant plus de dettes que de crédits à obtenir et en respectant avec la plus grande ponctualité possible le paiement des engagements.

Il n’y a pas d’autre moyen d’élaborer le plan ; dans le cas contraire, ce serait proposer quelque chose qui ne sera pas respecté et qui deviendrait ingérable.

Je dois souligner que ce qui est prévu dans ce plan est le minimum à atteindre. Il faut générer de la richesse pour posséder davantage. Son exécution doit être sous-tendue par une gestion budgétaire adéquate, dans laquelle nous devons renforcer toutes les possibilités de revenus, réduire les dépenses budgétaires dans le secteur des entreprises et diminuer autant que possible le déficit du budget.

Atteindre les objectifs prévus exige un processus profond de discussion du plan, un haut niveau de contrôle et l’implication de tous pour le défendre entre tous.

La récolte de la canne à sucre, une activité économique importante non seulement pour la production de sucre, mais aussi pour sa capacité à générer des revenus en espèces, sa contribution à la production d’électricité à partir de la biomasse, la production d’aliments pour les animaux et de dérivés, a commencé en dépassant les principaux indicateurs. Maintenant, l’important est de ne pas laisser s’accumuler les problèmes qui nuiraient à la bonne performance durant la fin de la récolte.

Dans le cadre du processus d’informatisation de la société, la télévision numérique progresse et le service Internet a été ouvert à la téléphonie mobile, une nouvelle possibilité pour les citoyens et une expression claire de la volonté politique du gouvernement de mener à bien ce programme par nos propres moyens et notre talent, sans laisser de place à l’ingérence que certains déguisent en offres perverses et en plans colonisateurs.

Les investissements dans les parcs éoliens et photovoltaïques se poursuivent, tandis que s’amorcent ceux liés à la production à partir de biomasse dans des centrales bioélectriques, en appui au projet de changement dans la matrice énergétique et à l’augmentation de l’utilisation des sources d’énergie renouvelables.

Afin de débattre largement des projections de développement du pays, nous avons jugé opportun de convoquer au premier trimestre de l’année prochaine une session extraordinaire de l’Assemblée nationale, que nous consacrerons à l’analyse du Plan national de Développement économique et social jusqu’en 2030, dans ses trois étapes, et du rapport sur l’état de la mise en œuvre des Orientations de la politique économique et sociale du Parti et de la Révolution.

Par ailleurs, des mesures relatives au travail à son compte sont entrées récemment en vigueur. La majorité de la population les accepte et considère qu’elles sont nécessaires à l’organisation et au contrôle de ce processus.

À cet égard, je voudrais clarifier notre point de vue sur cette activité.

Les travailleurs à leur compte ne sont pas des ennemis de la Révolution, ils sont le résultat du processus de mise à jour du modèle économique, ils ont apporté une solution à des problèmes qui surchargeaient l’État et pour lesquels il était parfois inefficace. Ils ont fait revivre des métiers, et l’expérience nous a montré qu’ils sont nécessaires.

Nous avons reconnu le secteur non étatique comme un complément de l’économie et nous n’avons aucunement l’intention de l’empêcher de prospérer, mais son fonctionnement doit s’inscrire dans la légalité.

Nous savons que nous pouvons compter sur la plupart d’entre eux pour stimuler et dynamiser l’économie. Il faut effacer de certains esprits les préjugés sur leur travail, qui nous font autant de mal que ces inspecteurs qui finissent par se corrompre, et qui engendrent de la méfiance et de l’insécurité.

Pour son exercice approprié, il nous appartient de créer des conditions qui favorisent le respect des nouvelles réglementations et contribuent à l’ordonnancement réel de l’activité. Les fonctionnaires chargés de veiller à l’application de celles-ci doivent agir de façon éthique, rigoureuse et juste et effacer la mauvaise image qu’entraînent les comportements corrompus de certains d’entre eux.

Nous n’ignorons pas non plus que des travailleurs privés de certaines activités ont exprimé leur désaccord avec ces normes, non pas dans une perspective de coopération avec la population, mais parce qu’ils sont opposés à un ordre qui mettrait fin à l’enrichissement illicite, ce qui ne sera pas permis.

Nous savons que les tentatives de faire du secteur non étatique un ennemi du processus révolutionnaire persistent, mais elles ne parviendront pas à nous désunir. Pour cela, nous comptons sur l’engagement de nos travailleurs à leur compte et sur les institutions de l’État.

Députés,

Il est également nécessaire de préciser que certains tentent de dénaturer la portée et les objectifs du Décret 349, en l’associant à un instrument d’exercice de la censure artistique. Je parle d’entités étrangères à la Culture, de ceux qui ne s’en sont jamais préoccupés et qui sont restés silencieux face à la prolifération de la banalité, de la vulgarité, de la violence, de la grossièreté, de la discrimination de la femme, du sexisme et du racisme présents dans les expressions les plus variées qui, portant atteinte à la politique culturelle de la Révolution, s’exhibent dans des espaces publics de l’État et privés, dont certains ne sont même pas légalement reconnus.

Nous savons très bien d’où viennent les instructions, dans le but de semer la confusion, de diviser, de décourager et de démobiliser.

Il est évident que ce Décret, en raison de son importance, aurait dû être discuté davantage et mieux expliqué. Ceci ressort clairement dans les opinions de grandes personnalités de notre culture, qui ont derrière eux une œuvre reconnue et engagée.

Je les invite à se joindre à nous pour faire maintenant ce que nous aurions dû faire auparavant.

Dans ces apprentissages indispensables, nous pouvons trouver ensemble, à partir du dialogue sincère, la façon de mettre en œuvre cette réglementation, parce qu’elle a obéi à un besoin et à une demande des artistes eux-mêmes, d’empêcher que ne prolifère le manque de respect de la politique culturelle, avec des productions pseudo-artistiques qui donnent une image du pays que nous ne sommes pas, ni n’avons jamais été, ni ne devons jamais être.

Je peux vous assurer que ce Décret n’a qu’un seul objectif : protéger la culture nationale contre les faux artistes de l’intrusion professionnelle et de la pseudo-culture génératrice d’anti-valeurs, des questions dénoncées dans de multiples espaces par nos créateurs, écrivains et artistes.

La création artistique à Cuba est libre et le restera, comme le stipule la Constitution, et les institutions culturelles ont la responsabilité d’appliquer cette norme dans le respect total de ces objectifs.

Compañeras et compañeros,

Les questions débattues au sein de cette Assemblée requièrent une attention prioritaire du Conseil des ministres. En ce sens, nous mettons en place un système de travail basé sur l’échange avec le peuple, la visite des territoires et des communautés, les liens avec les collectifs qui mettent en œuvre les programmes de développement économique et social.

Nous allons les voir pour écouter, argumenter, clarifier, débloquer et pour résoudre des problèmes ; répondre aux plaintes, aux incompréhensions et aux malentendus.

Nous voulons promouvoir le fait que nous, les dirigeants, nous rendions des comptes, en favorisant la communication directe avec le peuple, par le biais des médias et dans les réseaux sociaux, de façon systématique.

Nous voulons ouvrir des voies pour que la recherche scientifique ait sa place dans chaque processus et qu’elle contribue à l’innovation, et il faut promouvoir l’informatisation de la société.

Nous systématisons le suivi et la garantie des programmes de développement, en promouvant un style de direction et d’administration collective et en défendant avec discipline et engagement les orientations de notre Parti.

Nous avons appelé et menons une bataille éthique contre la corruption, les illégalités, les addictions et l’indiscipline sociale, des manifestations qui sont contraires et incompatibles avec notre présent et notre avenir.

Les réalisations sont encore insuffisantes et les résultats obtenus ne représentent rien par rapport à nos objectifs en tant que gouvernement de la Révolution, mais nous voudrions remercier l’appui et la compréhension des Cubaines et Cubains qui habitent dans notre pays. C’est à eux que nous nous devons.

Les questions qu’il nous faut prendre en charge et que nous devons résoudre sont nombreuses. Nous donnerons des réponses au plus grand nombre possible et pour celles qui n’en ont pas pour l’instant, nous ne cesserons pas d’œuvrer pour les trouver.

Cubaines et Cubains,

L’année 2018 a été intense dans un contexte international complexe en raison de la montée de l’hégémonisme impérial, qui mutile le multilatéralisme dans les relations internationales.

L’Amérique latine et les Caraïbes, notre Grande Patrie, n’est pas exempte de ces influences.

Cuba est accusée par l’empire d’être la cause de ce qu’il considère comme « les grands maux de la région ». Le blocus se renforce et la traque financière s’intensifie afin d’entraver le développement du pays.

Le résultat obtenu le 1er novembre dernier lors de dix votes successifs de l’Assemblée générale des Nations Unies a démontré le soutien massif sur lequel Cuba peut compter dans sa lutte contre le blocus, une politique agressive, anachronique et ratée qui cause d’énormes dommages au peuple cubain, représente le principal obstacle à notre développement et constitue une violation des droits humains. Nous sommes très reconnaissants envers tous les gouvernements qui ont contribué à la réclamation d’y mettre fin.

Ce même jour, le Conseiller à la Sécurité nationale des États-Unis, dans un langage extrêmement agressif et irrespectueux, a annoncé à Miami de nouvelles mesures de renforcement du blocus, ce qui, avec d’autres faits et menaces, laisse présager que son gouvernement s’engage sur la voie de la confrontation avec Cuba.

L’impérialisme étasunien a réitéré l’actualité de la Doctrine Monroe et attaque les gouvernements et les processus progressistes, en tentant d’inverser les progrès réalisés en matière d’intégration et de justice sociale dans la région ; il mène une opération systématique et démesurée de manipulation communicationnelle et culturelle, et il persécute et criminalise les forces politiques et des leaders de gauche, des mouvements populaires et des organisations sociales dans le but d’imposer le néolibéralisme. Il tente par ailleurs de détruire les mécanismes de coopération et de consultation authentiquement latino-américains et caribéens, tels que la Celac et l’Unasur.

Mais les peuples ne cèdent pas et n’abandonnent pas la lutte, comme cela a été démontré à la 24e Rencontre ample et unitaire du Forum de Sao Paulo, tenue dans cette ville en juillet dernier.

J’exprime notre profonde gratitude à la Communauté des Caraïbes pour son encourageante Déclaration de solidarité du 8 décembre 2018, en l’honneur de la célébration de la Journée Caricom-Cuba.

La Déclaration du 16e Sommet de l’Alliance bolivarienne pour les peuples de Notre Amérique, ALBA-TCP, tenu à La Havane le 14 décembre dernier, a abordé ces questions. Elle[GG1] a appelé à agir avec détermination dans la mobilisation et l’indispensable unité des forces révolutionnaires, progressistes et populaires et elle a exprimé son soutien total et sa solidarité à la République bolivarienne du Venezuela et à la République du Nicaragua face à l’hostilité impérialiste et oligarchiste.

Au Mexique, le président Andrés Manuel Lopez Obrador a remporté une victoire historique qui suscite une grande sympathie. Je lui suis reconnaissant, ainsi qu’au peuple mexicain fraternel, de l’hospitalité chaleureuse avec laquelle nous avons été accueillis lors de son investiture.

Au Brésil, les conditions inacceptables et les calomnies réitérées par le président élu de ce pays pour détruire le programme Davantage de médecins, en violation des accords respectifs passés avec l’Organisation panaméricaine de la Santé, nous ont contraints, pour défendre la dignité, l’altruisme et le professionnalisme reconnu de nos travailleurs de la santé, à mettre fin à la participation cubaine, comme notre peuple en a été informé dans le détail, ainsi que l’opinion publique brésilienne et internationale.

Tous les jours, des coins les plus reculés du géant sud-américain, des messages nous parviennent pour remercier nos médecins et condamner la politique du nouveau président qui a arraché ceux-ci de ces lieux où ils étaient les seuls à être venus pour sauver des vies.

Comme Lula l’a déclaré dans un message à notre peuple : « Je regrette que les préjugés du nouveau gouvernement contre les Cubains aient été plus importants que la santé des Brésiliens qui vivent dans les communautés les plus éloignées et les plus défavorisées. »

L’histoire rendra compte de l’avant et de l’après de notre coopération. Lors de la 40e édition du Festival international du Nouveau cinéma latino-américain de La Havane, un documentariste brésilien a fait se lever tout le public pour le seul fait d’avoir mentionné nos médecins. Pour la première fois, des médias du monde entier se sont intéressés à notre coopération médicale, à la suite de la décision absurde du gouvernement brésilien d’extrême droite.

Nos professionnels de la santé sont l’exemple à opposer aux égoïsmes et à la marchandisation des services médicaux. Ils sont Cuba et ils sont le plus beau monument à l’œuvre internationaliste et humaniste de Fidel pour la défense des droits humains à l’échelle universelle.

Au cours de ces derniers mois, nous avons eu des échanges bilatéraux intenses et fructueux, en particulier lors de nos visites officielles en Fédération de Russie, en République populaire démocratique de Corée, en République populaire de Chine, en République socialiste du Viet Nam et en République démocratique populaire lao, que nous remercions pour leur chaleureuse hospitalité. Des visites qui ont abouti à d’importants accords, à l’exécution desquels nous mettons tous nos efforts.

Les échanges qui ont eu lieu pendant notre séjour en République française et au Royaume-Uni ont également été importants. De même que la visite à La Havane du président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, a été fructueuse.

La commémoration du centenaire de la naissance de Nelson Mandela et du 30e anniversaire de la bataille de Cuito Cuanavale contre le régime de l’apartheid avec les pays frères africains a été particulièrement émouvante.

Chers compatriotes,

Quelle extraordinaire année s’achève !

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