« Le droit au développement est un droit inaliénable de l’homme en vertu duquel toute personne humaine et tous les peuples ont le droit de participer et de contribuer à un développement économique, social, culturel et politique dans lequel tous les droits de l’homme et toutes les libertés fondamentales puissent être pleinement réalisés, et de bénéficier de ce développement[1]. »

Le blocus, cette politique absurde et moralement indéfendable, se maintient, bien que, comme le président étasunien l’a reconnu, il ne soit pas parvenu à faire plier le peuple cubain et à le faire renoncer au système politique de son choix et à la maîtrise de son avenir. On trouvera ci-après un résumé des préjudices causés aux droits du peuple cubain dans des secteurs d’une importance vitale.

2.1. Droit à la santé et à l’alimentation

Dès janvier 1959, le droit du peuple cubain à la santé et à l’alimentation a été une priorité maximale en tant que partie de l’essence de la Révolution cubaine, comme le prouvent les résultats atteints tout au long de ces années-là et les indicateurs reconnus à l’échelle internationale. Même aux moments économiques les plus défavorables, le Gouvernement révolutionnaire a investi d’abondantes ressources financières, matérielles et humaines pour garantir les services de santé et d’alimentation indispensables, malgré le blocus économique, financier et commercial de nature génocidaire appliqué par les États-Unis.

En santé publique¸ les préjudices monétaires accumulés depuis le début du blocus se montent à 2,541 milliards de dollars, et, pour cette période-ci, à 76 897 734 dollars. Mais il est difficile de calculer les dommages humanitaires causés par cette politique inhumaine aux personnes et aux familles, même si les médecins, les spécialistes, les techniciens et les autres personnels médicaux font tout pour sauver des vies.

Le blocus nous contraint d’acheter sur de lointains marchés des médicaments, des réactifs, des pièces détachées pour des équipements de diagnostic et de traitement, des instruments et d’autres intrants, d’autant que l’obligation de recourir à des intermédiaires accroît sans raison les dépenses et retarde parfois le traitement qu’exigent les patients.

Le blocus viole aussi les droits des Étasuniens à recevoir à Cuba des soins et des services médicaux meilleur marché, mais d’excellente qualité. Ces mêmes Étasuniens ont parfois des difficultés à s’inscrire à des cours universitaires ou de hautes études universitaires dans les facultés de médecine cubaines.

Ces difficultés frappent aussi des citoyens d’autres pays et ont des répercussions négatives sur l’économie cubaine. Au seul titre de traitements de patients et de services universitaires et savants, le manque à gagner se chiffre à 27 645 000 dollars pour la période analysée.

On trouvera ci-après quelques-uns des nombreux exemples de préjudices causés par le blocus au droit du peuple cubain à la santé :

  • Le Complexe orthopédique international Frank País a des difficultés à se fournir en prothèses pour les articulations du poignet et de la main dont ont besoin les patients atteints d’arthrite rhumatoïde, car le marché correspondant est dominé par des sociétés étasuniennes comme Small Bone Innovation, Inc (SBI), dont la succursale européenne refuse de vendre à Cuba. Les patients doivent donc se rendre à l’étranger pour obtenir ces prothèses ou subir des opérations palliatives qui n’apportent pas une solution définitive à leur problème, sans parler du renchérissement des coûts.
  • Le guide des bonnes pratiques cliniques indique que le meilleur traitement de la spasticité, présente chez plus de 80 p. 100 des patients atteints de maladies neurologiques, est la toxine botulinique, un médicament qui est d’ailleurs prescrit pour plus d’une cinquantaine de maladies. Bien que les sociétés produisant la toxine botulinique se soient diversifiées à travers le monde et qu’on trouve maintenant sur le marché des marques telles que Neurobloc, Xeomen, et Dysport, celle de la marque Botox reste la meilleure. Or, le Centre international de restauration Neurologique (CIREN) ne peut acheter celle-ci directement aux États-Unis et doit le faire dans un pays tiers, ce qui fait passer le coût de 200 dollars à 500.
  • Durant la période analysée, le département de neurobiologie de l’Institut de neurologie et de neurochirurgie Dr Rafael Estrada n’a pu se fournir auprès de la société étasunienne Fujirebio Diagnostics Inc. en kits de laboratoire CanAg NSE EIA qui servent à dépister la protéine Enolase neuronal spécifique dans le sérum sanguin et dans le liquide céphalorachidien, laquelle peut être utilisée comme traceur diagnostique et pronostique dans les cas de maladies cérébro-vasculaires de type ischémique, causes d’une morbidité et d’une mortalité élevées à Cuba.

Ce même Institut n’a pas pu se fournir en appareils d’électromyographie auprès de la société canadienne XLTEK, à la suite de son rachat par la société étasunienne Natus Medical Inc., de sorte qu’il ne peut réaliser différentes pratiques, dont l’une des plus fréquentes : l’évaluation de l’activité électrique des muscles squelettiques chez des patients atteints d’affections neuromusculaires.

  • L’Institut d’hématologie et d’immunologie ne peut suivre les effets de la drogue méthotrexate (MTX), utilisée dans le traitement des leucémies et d’autres syndromes lymphoprolifératifs, faute d’accès à des systèmes de diagnostic comme ARK Methotrexate Assay, de la société californienne ARK Diagnostics, Inc., interdite de commerce avec Cuba.
  • Le Centre national d’électro-médecine a du mal à se fournir en pièces et articles de réfraction destinés aux appareils de la marque Philips existant à Cuba, dans la mesure où l’inexistence du service direct de messagerie en ligne eparts.philips.com, qui fonctionne en connexion avec FedEx, entre les États-Unis et Cuba, renchérit les coûts et ralentit les livraisons de n’importe quelle pièce qui, bien qu’étant étasunienne dans la plupart des cas, doit être envoyée en Europe puis renvoyée à Cuba.

De même, la plupart des équipements d’imagerie médicale sont contrôlés à partir du système d’exploitation Windows XP de 64 bytes – ou fonctionnent à partir d’ordinateurs utilisant ce système – qui doit être activé par Microsoft dans les trente jours suivant son installation. Aucune des possibilités d’activation n’étant disponible pour Cuba, cela entraîne de nombreux inconvénients techniques pour le service et prolonge l’attente du patient.

  • Faute de disposer des équipements technologiques nécessaires à cause du blocus, le Centre national de génétique médicale a dû envoyer des échantillons pour diagnostic de maladies génétiques à des laboratoires étrangers, d’où un renchérissement des coûts (envois et analyses).

Ainsi la société Applied Biosystems a refusé de vendre à Cuba un analyseur génétique. Faute de cet équipement, le laboratoire de biologie moléculaire de ce Centre n’a pu faire, à des fins de recherche et de traitement, différentes études cliniques concernant le cancer du sein héréditaire, la polypose adénomateuse familiale (PAF), le cancer colorectal héréditaire non polyposique,  le syndrome de von Hippel-Lindau, la maladie de Wilson, la fibrose kystique, la maladie de Gauchr, la galactosémie classique, les maladies d’origine mitochondriale, la rétinite pigmentaire associée au chromosome X et la maladie d’Usher, entre autres, et doit envoyer par conséquent les échantillons correspondants à des laboratoires étrangers.

Ce laboratoire utilisait depuis 2008 le logiciel gratuit CLC Sequence Viewer mis au point par la société danoise CLCbio, leader en logiciels bio-informatiques, et permettant d’analyser les changements intervenus au niveau de la protéine par différentes mutations de l’ADC, de faire des analyses de restriction, des séquençages et des arbres phylogénétiques, entre autres possibilités importantes dans le diagnostic moléculaire. Or, depuis le rachat, en octobre 2013, de CLCBio par la société étasunienne Qiagen, le laboratoire n’a plus accès aux mises à jour de ce logiciel, donc aux nouvelles prestations de services et aux actualisations des bases de données concernant les enzymes de restriction.

Le laboratoire cubain a de nouveau demandé en janvier 2015 de pouvoir accéder aux mises à jour du logiciel, mais la réponse a été que le blocus étasunien interdisait d’offrir des services d’appui technique et de fournir des permis de logiciels.

  • Les préjudices causés par le blocus au Centre cardiaque pédiatrique William Soler se sont aggravés depuis que l’OFAC l’a inscrit, en avril 2007, sur sa liste des « hôpitaux refusés », ce qui implique que les sociétés étasuniennes doivent obtenir un permis préalable à toute vente. Ainsi, les sociétés NuMED, AGA Medical et Boston Scientific n’ont pu continuer de livrer les dispositifs nécessaires au diagnostic et au traitement par cathétérisme, si bien que les enfants doivent être soumis à des opérations à cœur ouvert, qui élèvent les risques de complications et de décès et renchérissent les coûts.

Ce centre ne peut disposer non plus de matériaux biologiques d’implant cardiaque de la meilleure qualité en provenance des États-Unis, telles les valves cardiaques biologiques, si bien qu’il doit utiliser parfois des valves mécaniques exigeant une anticoagulation, ce qui implique un plus grand risque et prédispose les patients à d’autres complications.

Il n’a plus non plus accès aux jeux de gastrostomie percutanée fabriqués aux États-Unis, dont ont besoin des patients à forte dénutrition et ne pouvant être alimentés dûment par voie orale, si bien qu’il doit procéder à une gastrostomie chirurgicale.

  • Le blocus empêche l’Institut de cardiologie et de chirurgie cardiovasculaire de disposer du jeu d’extraction de câbles ou d’électrodes de stimulateurs cardiaques ou de défibrillateurs automatiques implantables, de la société étasunienne Cook, de sorte qu’il doit faire des opérations chirurgicales à circulation extracorporelle pour retirer les électrodes, ce qui aggrave les risques de complications.
  • La société MEDICUBA ne peut faire fonctionner correctement les appareils de brachythérapie destinés au traitement du cancer, faute de l’isotope radioactif Iridium-192, dont le principal fournisseur dans le monde est la société étasunienne Mallinckrodt Pharmaceuticals.

L’alimentation reste l’un des secteurs les plus touchés par le blocus étasunien. Les entraves imposées aux sociétés cubaines d’importation d’aliments pour accéder aux marchés internationaux, dont celui des producteurs étasuniens, continuent de violer le droit du peuple cubain à l’alimentation.

Il n’empêche que Cuba peut se vanter d’un des programmes de protection sociale les plus intégraux au monde, qui a permis d’éliminer la faim et de maintenir la sécurité alimentaire de la population comme une priorité stratégique de la nation. Ceci se constate surtout dans le système éducatif, où les établissements d’enseignement à tous les niveaux et d’enseignement spécial disposent des aliments requis, indépendamment des efforts éducatifs consentis pour promouvoir un régime alimentaire sain et adéquat du point de vue nutritionnel.

C’est bien d’ailleurs ce que l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a reconnu pour la deuxième fois en juin 2015, à la trente-neuvième session de sa Conférence générale tenue à Rome (Italie) : Cuba est l’un des rares pays en développement à avoir atteint l’Objectif du Millénaire correspondant avant la date-butoir de 2015.

Selon les ministères cubains de l’Industrie alimentaire et de l’Agriculture, les préjudices causés par le blocus au secteur alimentaire ont été estimés, au plus bas, à 592 269 000 dollars, pour plusieurs raisons, dont la nécessité de se fournir en intrants pour l’industrie alimentaire sur des marchés éloignés, d’où renchérissement des coûts d’achat et du fret maritime, et les variations des taux de change puisque Cuba ne peut utiliser le dollar dans ses transactions commerciales.

Les exemples ci-après indiquent que ce secteur, compte tenu de sa nature particulière, a été l’un des principaux objectifs du blocus étasunien :

  • L’industrie rizicole a essuyé des pertes pour 3 306 900 dollars pour diminution de la production faute de pouvoir acheter des pièces, des parties, des accessoires et des équipements technologiques sur le marché étasunien, de meilleure qualité et meilleur marché.
  • En 2014, l’obligation d’importer des semences – essentiellement de pomme de terre et de légumes – depuis des marchés lointains (Europe et Japon) a renchéri les coûts, au simple titre du fret, de 1 175 900 dollars, le marché étasunien étant interdit, ce qui entraîne par ailleurs des retards dans les programmes de semailles de certaines cultures importantes.
  • L’élevage porcin a souffert des pertes se montant à 6 572 400 dollars, pour obligation d’acheter des aliments dans des pays tiers plus chers qu’aux États-Unis, indépendamment du fait qu’il ne peut y accéder à des technologies de pointe, à des systèmes de fabrication et de distribution d’aliments, à des médicaments et à d’autres intrants.
  • L’aviculture a souffert des pertes se montant à 23 000 dollars faute de pouvoir vacciner les animaux et d’éviter les morts produites par la maladie de Gumboro, puisque le blocus interdit aux producteurs de vaccins, de médicaments et de kits de diagnostic pour prévenir et combattre les maladies aviaires de vendre directement à Cuba.

2.2. Droit à l’éducation, au sport et à la culture

La Constitution de la République de Cuba entérine le droit inaliénable des Cubains à l’éducation, au sport et à la culture comme principe fondamental de la Révolution, un droit auquel le blocus économique, commercial et financier appliqué par les États-Unis porte fortement atteinte.

S’il est vrai que les acquis de la Révolution dans ces domaines et leur contribution au bien-être d’autres peuples du monde sont largement reconnus, il n’en reste pas moins qu’ils ont soumis aux effets du blocus dans leur qualité et leur ampleur.

Les principaux préjudice causés à l’éducation sont les frets très élevés qu’implique l’achat de produits sur de lointains marchés, la carence ou l’insuffisance de moyens et de ressources pédagogiques destinés à l’enseignement et à la recherche à cause de leurs coûts élevés sur d’autres marchés, les limitations d’accès à l’information scientifique et aux outils informatiques nécessaires à la production de multimédias éducatifs et les entraves financières aux virements d’argent découlant des services professionnels prêtés à l’étranger.

 On trouvera ci-après quelques exemples de dommages dans ce secteur :

  • Le ministère de l’Éducation a dépensé 1 942 800 dollars rien qu’en fret de conteneurs pour l’éducation en provenance de marchés lointains, un montant qui diminuerait de 39,72 p. 100 s’il pouvait se fournir dans le Sud des États-Unis, sans parler de la diminution des délais de livraison. Cette somme aurait permis d’acheter des moyens didactiques pour 162 crèches, alors que seules 60 ont pu en être dotées.
  • Le Centre national de santé agricole (CENSA) a payé de 30 à 45 p. 100 plus cher les réactifs que produisent les sociétés étasuniennes Promega, Sigma, Invitrogen, Giagen, Hyclone, Alconox et Agdia, et qui sont obligatoires dans ses laboratoires, parce qu’il doit les acheter dans des pays tiers.
  • L’Université de La Havane ne peut acheter les équipements de purification des protéines dont a besoin son Centre d’études des protéines, parce qu’ils ne sont vendus que par la société étasunienne General Electric.
  • L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) n’a pu à deux reprises acheter l’équipement nécessaire au projet du réacteur-laboratoire par Internet (IRL) qu’elle exécute de concert avec l’Institut supérieur de technologies et de sciences appliquées (INSTEC), parce qu’il contient plus de 10 p. 100 de composants étasuniens.
  • Les sites cubains ne peuvent accéder aux images de satellite (type LANDSAT) apparaissant sur les serveurs étasuniens, alors qu’elles sont indispensables pour obtenir une information spatiale du territoire cubain en temps réel, ce qui entrave les activités scientifiques et l’enseignement.

Le blocus économique, commercial et financier appliqué à Cuba impose aussi de durs préjudices au développement du sport.

On en trouvera ci-après quelques exemples :

  • Les institutions sportives cubaines ne peuvent acheter sur le marché étasunien des accessoires, des équipements et des vêtements de sport. C’est le cas, entre autres, de matelas de réception pour saut à la perche, d’anneaux à ressorts rabattables marque Multimarc, pour la gymnastique artistique, de vélos spéciaux marque Canondale, ou d’appareils de mesure électronique pour l’athlétisme.
  • L’équipe de Pinar del Río, qui a remporté en 2015 le Tournoi caribéen de base-ball, et Frederick Cepeda, sélectionné comme le joueur le plus utile, n’ont pu toucher les prix correspondants à cause des restrictions du blocus. Cela a aussi été le cas des athlètes cubains ayant remporté en 2014 des médailles à la Coupe du monde de courses de relais et à la Coupe du monde en salle dans cette même discipline, car la banque qu’utilise la Fédération internationale d’athlétisme est étasunienne, les prix correspondants se montant à 190 000 dollars.
  • Pour son championnat national de base-ball, Cuba a dû acheter des milliers de balles japonaises de la marque Mizuno, à 9,50 dollars pièce. Or, une balle de la marque étasunienne Wilson ne vaut que 5,80 dollars. Toutes les tentatives d’acheter cette dernière auprès du fabricant au Costa Rica se sont heurtées à une fin de non-recevoir.
  • De juin à septembre 2014, l’OFAC a refusé à quatre groupes de sportifs étasuniens l’autorisation de se rendre à Cuba pour participer à des compétitions contre des sportifs cubains.
  • L’Institut de médecine sportive, chargé de garantir l’essor de Cuba dans ce domaine et de permettre aux sportifs cubains d’atteindre les niveaux maximaux en santé et en rendement sportif des sportifs actifs et à la retraite, a besoin d’un support technologique produit pour une bonne part aux États-Unis. Du fait du blocus, il ne peut acheter les produits suivants, ou il a du mal à le faire :
  • Réactifs et substances de référence pour le laboratoire antidopage, et des pièces de rechange pour pouvoir réparer un chromatographe en phase liquide à haute pression (HPCL), un spectromètre de masse et un chromatographe en phase gazeuse équipé d’un NPD, de la marque étasunienne Agilent Technologies.
  • Des pièces pour réparer l’appareil de spectrométrie de masse à rapport isotopique employé pour dépister des stéroïdes endogènes d’origine synthétique, de la marque allemande Finnigan, elle-même filiale de la société texane (Austin) Termo Quest.
  • Des anticorps monoclonaux pour déterminer l’érythropoïétine humaine, que seules produisent des sociétés étasuniennes, et des nutriments et des substances de récupération pour sportifs, dont l’achat dans des pays tiers renchérit lourdement les coûts.

Malgré les grands acquis de Cuba en matière de culture, on ne saurait ignorer les limitations que provoque le blocus. Les pertes essuyées durant cette période se sont chiffrées à 24 727 300 dollars.

Les moyens pédagogiques requis pour la formation d’un artiste sont parmi les plus chers au monde. Le blocus n’a cessé d’imposer des obstacles à leur acquisition, ainsi qu’à celle d’instruments et autres accessoires, de tubes de peinture à l’huile, d’acrylique et de pinceaux dans les arts plastiques, de chaussons et de costumes pour les élèves de ballet et de danse, parmi bien d’autres produits.

Le marché étasunien pourrait constituer la source principale de matières premières, de matériaux, d’instruments et d’équipements utiles aux artistes, aux artisans, aux restaurateurs et aux dessinateurs, ainsi qu’à la sauvegarde du patrimoine national. Les institutions cubaines doivent se fournir sur d’autres marchés, parfois très lointains et nettement plus chers (prix d’achat et fret).

Le blocus limite aussi les échanges universitaires et savants, ainsi que la participation d’artistes cubains à des concours et événements aux États-Unis, interdit la signature d’accords culturels entre les établissements d’enseignement et donc le développement culturel et la création artistique du peuple cubain. Par ailleurs, bien souvent, des personnalités cubaines de la culture ne peuvent répondre à des invitations aux États-Unis, pour déni ou retard de visa. De même, le blocus interdit à des institutions et à des lecteurs étasuniens de s’abonner à des publications cubaines intéressant les universités et les institutions culturelles et scientifiques.

On trouvera ci-après des exemples concernant l’incidence négative du blocus sur l’essor de la culture cubaine :

  • L’impossibilité d’accéder directement à des sociétés étasuniennes de distribution grossiste de musique en format numérique et l’obligation de passer par des sociétés intermédiaires a entraîné un manque à gagner de 50 000 dollars, à titre de diminution de la marge commerciale, pour la société ARTEX S.A., et son Service de distribution grossiste de musique en format numérique « Soy Cubano ».
  • Si Cuba pouvait se fournir sur le marché étasunien, les économies correspondantes favoriseraient l’essor culturel du pays. En voici les preuves :
  • Aux États-Unis, un saxophone Vandoren 10 Sax ZZ Reed #2.5 coûte 249 dollars ; un Selmer SAS280R La Voix II Saxophone-Clear Lacquer, 250,06 dollars. Cuba paie cet instrument 356 dollars dans des pays tiers. L’achat aux États-Unis d’un saxo pour les 334 élèves représenterait une économie de 35 000 dollars.
  • Aux États-Unis, un piano Yamaha MG16 MixingBoard 16 CH coûte environ 1 100 dollars. Cuba paie 4 442 dollars un piano WBR, modèle GP-160 W de qualité inférieure. L’achat aux États-Unis de la quarantaine d’instruments nécessaires représenterait une économie de 133 700 dollars.

2.3. Droit au développement

Le tourisme, le transport, les mines, les énergies renouvelables, les télécommunications constituent entre autres des secteurs dont le développement est entravé par le blocus. On trouvera ci-après différents exemples éloquents durant la période analysée :

Le tourisme a essuyé des pertes sévères (1,506 milliard dollars) dans des domaines décisifs comme les services, les opérations et la logistique.

Bien que les annonces des deux gouvernements, le 17 décembre 2014, créent des conditions favorables à une augmentation significative de visiteurs étasuniens, il n’est pas inutile de rappeler que le blocus interdit le tourisme : la seule différence est que, dans les douze catégories de voyageurs autorisées, les intéressés n’ont plus à demander une autorisation valable pour chaque voyage, mais qu’ils bénéficieront désormais d’une autorisation générale.

Sans le blocus, Cuba bénéficierait des 140 navires de plaisance qui opèrent chaque semaine dans les Caraïbes et dont le marché principal est les États-Unis. Elle pourrait accueillir environ 1,2 million de croisiéristes à raison de 1 092 escales par an, soit des revenus se chiffrant à 139 882 795 dollars.

À titre d’achat d’équipements, de parties, de pièces et d’accessoire d’automobiles sur de lointains marchés, TRANSTUR, le groupe de transport pour le tourisme, calcule des dépenses en plus se montant à 207 540 dollars.

À cause du blocus, les hôtels cubains ne peuvent utiliser que le système de réservations Amadeus, l’un des quatre grands systèmes de distribution mondiaux à portée internationale, les trois autres – Sabre, Galileo et Worldspan – étant étasuniens. D’autres fournisseurs de ces services refusent tout contact avec Cuba par peur de sanctions et de diminution de ventes aux États-Unis.

L’industrie jour un rôle clef dans le développement du pays. Durant la période analysée, les préjudices s’y sont montés à 73 416 529 dollars, soit autant que les investissements prévus dans ce secteur en 2014, les raisons essentielles en étant l’éloignement des marchés, les stocks sans rotation, les fluctuations des taux de change lors des opérations commerciales et financières à l’étranger à cause de l’interdiction d’utiliser le dollar.

La société cubaine ACINOX Comercial a essuyé à ce titre des pertes se chiffrant à 33 494 647 dollars, une somme qui aurait permis d’acheter 31 628 tonnes de tôles d’acier galvanisé destinées au programme de construction de logement à son compte, et donc de couvrir 69 582 logements, soit, à raison de quatre personnes par logement, 278 328 Cubains bénéficiaires.

Le Groupe d’entreprises de l’industrie sidérurgique et mécanique (GESIME) a essuyé des pertes se montant à 48 471 438 dollars. Ce montant aurait permis l’achat de :

  • 454 545 disques d’aluminium-alliage 1050 pour fabriquer des cuisinières à induction, ou
  • 7 000 kits de composants pour fabriquer ou réparer des lits d’hôpital, ou
  • 3 500 kits de composants pour fabriquer ou réparer des lits de services de soins intensifs, ou
  • 154 machines à couper la canne à sucre, ou
  • 15 900 réfrigérateurs destinés aux foyers cubains.

Cuba fait des efforts pour accroître la part des énergies renouvelables dans sa production d’électricité. Or, la société chinoise Ja Solar, leader dans la production de panneaux solaires, a refusé de vendre à Cuba du matériel photovoltaïque destiné à la production de modules pour les champs d’énergie solaire, sous prétexte qu’elle est cotée à la bourse de New York et que tout contact avec une entreprise cubaine lui porterait préjudice.

À la suite de son rachat par la société étasunienne Goldman Sachs Merchant Banking Division en association avec Koch Equity Development LLC, le groupe Flint Iberia S.A. a cessé sans préavis de vendre à la société d’import cubaine FICUBA S.L. les encres nécessaires à l’impression du quotidien Granma, le plus important du pays.

Le transport reste lourdement touché par la politique étasunienne d’étranglement économique, ses pertes s’étant chiffrées durant la période analysée à 520 541 000 dollars.

Ceci s’explique entre autres raisons par le fait que les navires employant des membres d’équipage cubains n’ont pas le droit d’accoster dans des ports étasuniens, l’amende pour chaque jour au port se montant à 1 500 dollars, sans parler de l’interdiction faite aux Cubains de descendre à terre, ce qui est une violation des accords établis par les organisations internationale du secteur maritime.

L’annulation par le cargo LPG Castel Sant´Elmo des services de maintenance que devaient lui offrir les chantiers navals cubains Caribbean Drydock Co. S.A., son armateur ayant argué que le cargo devait se rendre aux États-Unis, a entraîné un manque à gagner de 350 000 dollars.

L’aéronautique civile est le secteur du transport le plus touché par les prohibitions et les réglementations du blocus, les pertes s’étant chiffrées à 288 386 591 dollars.

Ainsi le blocus interdit à des entreprises aériennes cubaines d’opérer aux États-Unis, d’acheter de la technologie de pointe, des équipements, des parties, des pièces et d’autres accessoires pour aéronefs, et de survoler les États-Unis, d’où des coûts accrus.

La société Cubana de Aviación S.A. ne peut bénéficier des systèmes de réservations aériennes informatisés, dont la plupart sont étasuniennes ou aux mains d’intérêts étasuniens.

Les équipements de secours d’une importance vitale, fabriqués par la société Air Cruisers Company, LLC, et installés à bord d’aéronefs cubains (toboggans, radeaux de secours et gilets de sauvetage), ne peuvent être achetés aux États-Unis ni supervisés dans ce pays ni dans les centres e maintenance habilités dans la région : Cuba doit les envoyer en Russie, soit un surcoût pour fret et inspections douanières.

Dans le secteur des mines, la société Moa Nickel S.A. a essuyé une perte de 16 299 648 dollars faute de pouvoir importer l’acide sulfurique qu’on ajoute au nickel pour en améliorer l’extraction, parce que l’entreprise qui le lui fournissait, Mexicana de Cobre, a été rachetée par une société étasunienne.

En agriculture, le laboratoire de biotechnologie rattaché à l’Institut de recherche agricole George Dimitrov a dû fermer en partie faute de réactifs chimiques et microbiologiques et d’équipements de protection radiologique, si bien qu’il a dû recaser son personnel, cesser ses activités productives et violer ses engagements envers les producteurs d’aliments. Ces mêmes achats aux États-Unis lui coûteraient deux fois moins que dans des pays tiers. Ses pertes se sont montées à 54 760 dollars.

En communications et informatique, dont télécommunications, les pertes enregistrées se sont montées à 57 122 900 dollars.

Les pertes pour manque à gagner et pour achat sur de lointains marchés essuyées par l’Empresa de Telecomunicaciones de Cuba (ETECSA S.A.) se montent à plus de 38 millions de dollars, compte tenu de son impossibilité d’acquérir des marques et des équipements à hautes prestations distribués par des sociétés étasuniennes. Pour les mêmes raisons, l’entreprise cubaine Copextel, spécialisée dans les livraisons et les réparations d’équipements de télécommunications, a essuyé des pertes pour 2,5 millions de dollars.

Le blocus reste le principal obstacle au développement d’une infrastructure permettant une meilleur accès à l’Internet, les États-Unis étant le leader mondial en technologies informatiques et exerçant un contrôle hégémonique sur la cybertoile. L’Internet Corporation for Assigned Names and Numbers (ICAN), qui fournit des adresses IP et des noms au reste du monde, ne peut offrir des services à Cuba à cause des lois du Bureau fédéral des communications et du département d’État.

Bien que de hauts fonctionnaires de Google aient visité Cuba plusieurs fois et qu’ils souhaitent introduire leurs biens et services sur le marché cubain, le blocus continue d’interdire l’utilisation sans restrictions de services et de logiciels comme Google Chrome, Google Analytics et Google Play Store.

Le blocus empêche aussi Cuba de développer son infrastructure hydraulique. Pour acquérir le polyéthylène de haute densité nécessaire à la fabrication de conduits, Cuba doit demander des crédits à intérêt élevé remboursables en un an parce que les entreprises perçoivent le blocus comme un risque.

En novembre 2014, la société espagnole Sterling SIHI S.A. a ordonné au Grupo BM, fournisseur de CubaHidráulica, d’annuler la livraison de quinze pompes hydrauliques en apprenant que le destinataire en était Cuba, et ce sous prétexte du blocus.

Cuba a dû transporter par un pays tiers du chlore acheté à une société colombienne, qui redoutait des sanctions et des représailles, ce qui non seulement a été sur le point d’empêcher le traitement de l’eau potable, mais a renchéri les coûts de 120 950 dollars au seul titre du fret.

Le commerce intérieur a essuyé des pertes se montant à 80 540 000 dollars. Malgré les efforts faits par la nation pour minorer l’incidence du blocus dans ce secteur, les pertes économiques découlant de cette politique ont limité les disponibilités de services de restauration, d’aliments, de produits d’hygiène et de nettoyage, de confections textiles, de chaussures, d’articles de quincaillerie, de jouets, de parfums, de peintures et de matériaux de construction.

 

[1] Déclaration sur le droit au développement, article premier (1).

 

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